Ah ! les hommes à barbe !
En disant cela, je ne me réfère ni à Conchita Wurst, ni au cousin machin de la famille Addams…
Non, il s’agit du trio barbu londonien Archie Bronson Outfit !
C’est en naviguant sur Deezer, que je suis tombée par hasard sur ce groupe à l’allure improbable. D’abord, en contemplant leurs dégaines de bûcherons, j’ai tout de suite pensé que leur musique ressemblerait fortement à ZZ Top, connus pour leurs gros riffs bien lourdingues. Mais en même temps, ces gars-là m’intriguaient. Puisque je n’avais rien d’autre à faire, je me suis dit que ça ne coûterait rien de les écouter. Et là, quelle surprise ! Je ne m’attendais vraiment pas à ça. Comme quoi, l’habit ne fait pas le moine. Et plus la playlist défilait, plus j’étais conquise !
Originaires de Sommerset, Archie Bronson Outfit se représentait dans des pubs tout en étudiant. Ils ont alors été repérés par leur futur producteur ( label Domino) et ont sorti leur premier album, Fur, en 2004. Deux ans plus tard, arrive alors le sublime Derdang Derdang classé comme l’un des meilleurs disques par le magazine britannique Mojo. C’est d’ailleurs sur celui-ci que je vais m’attarder car, sur quatre albums sortis, il reste pour moi l’opus incontournable.
Onze titres mélangeant rock, blues, folk sans oublier une petite pincée de psychédélisme.
Les jeux de guitare parfois planants, parfois enragés et ce subtil mélange des genres nous font voyager dans le temps. On se retrouve au sud de l’Amérique dans les années 60, en 70 avec ses hippies, on survole les années 80 et sa période New Wave… un bon périple musical. Et cela fait du bien d’entendre un son british si différent !
Le ton est donné avec le premier titre de l’album, l’excellent Cherry Lips.
Dès le début, on aurait tendance à battre la mesure avec le pied. Puis, le rythme monte crescendo et tout s’enflamme rapidement. C’est le genre de musique entêtante que l’on a envie d’écouter en boucle.
J’ai également envie de citer le titre Kink qui donnerait envie de hurler le refrain avec une bande de potes, bière à la main… Une sorte de cavalcade musicale qui s’élance joyeusement. Avec ce titre, j’aurais même pu rajouter la conquête de l’Ouest pour mon petit retour dans le temps…
On pourrait les comparer aux Black Keys, même dégaine, même tendance musicale. Mais ABO a le mérite de monter d’un cran avec une rythmique plus déjantée, plus abrupte. De plus, la voix étranglée et les textes écorchés de Sam Windett font davantage la différence. Ils ont d’ailleurs le mérite de s’éloigner du style anglais de certains groupes devenus trop usuels (mais je ne citerai pas de noms…). Leur mélodies ne sont pas répétitives et même si Sam Windett peut parfois donner l’impression d’aboyer, il peut également métamorphoser sa voix et nous plonger délicatement dans les bras de Morphée. Je pense notamment au titre Dart for my Sweetheard, où il est accompagné d’une simple gratte sèche.
Pour leur dernier album, Wild Crush sorti en 2014, l’ancien bassiste a été remplacé. Mais le groupe n’est pas mort pour autant puisqu’il a traversé la Manche en mai dernier pour se produire dans quelques villes, notamment au nouveau Casino de Paris. Ils ont d’ailleurs reçus d’excellentes critiques et apparemment, à la fin de chaque concert, personne n’en ressort indemne.
Installez-vous, ouvrez grand vos oreilles, le voyage va commencer.