Alors qu’Archive s’apprête à entamer une nouvelle tournée en France et en Europe, il serait de bon aloi de faire un petit retour sur leur nouvel album, Restriction, sorti en janvier dernier.
Sorti donc un an à peine après Axiom (film musical d’Archive), ce onzième album voit le duo originel (Darius Keeler et Danny Griffith) s’accompagner de nouveaux arrivants aux vocals ainsi qu’à la guitare. Si on retrouve le quatuor atypique de voix, faisant la spécificité du groupe (Dave Pen, Pollard Berrier, Maria Q, et la dernière arrivée Holly Martin aux chants) ainsi que Smiley à la batterie et aux percussions, le groupe accueille aussi un nouveau guitariste (Mike Bird) pour un résultat bousculant quelque peu les habitudes rythmiques du groupe.
Dire que l’on peut être perdu par ce bouleversement est un léger euphémisme : les habitués d’Archive vont se faire quelques cheveux blancs dès Feel It, morceau introductif de Restriction. Mais comme à chaque album, il faut savoir persévérer pour se rendre compte qu’au bout, l’alchimie finira par fonctionner. Comme un chat, et malgré les directions parfois surprenantes prises par le groupe, Archive a cette capacité de toujours retomber sur ses pattes et parvient même à obtenir une cohérence assez inouïe. On retrouve chez eux cette électro rock à la limite de l’indus (Kid Corner et Ride In Squares) capable de faire faire le moonwalk à un Michael Jackson revenu d’outre-tombe, cette capacité à faire planer l’auditeur en deuil de Flamants Roses (End Of Our Days, Third Quarter Storm, Half Built Houses et Black & Blue ) avec des nappes envoûtantes de claviers/séquences ainsi que des chœurs soul parfaitement exécutés (on remerciera au passage Dave Pen, Holly Martin et Maria Q, superbes).
Évidemment, si Restriction est plutôt bon dans son ensemble, il n’est pas parfait. Quelques morceaux gâchent le tout (notamment Crushed et Greater Goodbye) mais n’enlèvent pas au final cette impression d’avoir affaire à un album d’Archive de très haute tenue et fidèle à la direction musicale du groupe. En somme, on se retrouve avec un album d’une belle efficacité, parfois expérimental, parfois hasardeux dans ses choix mais pour lequel subsiste une certaine cohérence.
Cela dit, pour ceux qui seraient frileux à l’écoute de Restriction, on ne peut que les inviter à découvrir Archive sur scène où le groupe déploiera certainement ses arguments de façon beaucoup plus convaincante, où le groupe envoûte et fascine comme jamais.