[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#3E6994″]A[/mks_dropcap]vec Bijou, Casterman peut s’enorgueillir de réunir deux grands talents de la bande-dessinée : Fred Bernard (pour les textes) d’une part, et Jacques de Loustal (pour les dessins) d’autre part.
[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#3e6994″]A[/mks_dropcap]u premier, l’on doit par exemple le flamboyant Essence réalisé avec Benjamin Flao (Futuropolis), ainsi que de très nombreux titres de la littérature jeunesse, réalisés notamment avec François Roca (Anya et Tigre Blanc). Le second signe ses ouvrages d’une patte graphique inimitable et a construit sa carrière autour de collaborations prestigieuses, travaillant avec des écrivains tels que Jérôme Charyn (Les frères Adamov) et Tonino Benacquista (Les Amours insolentes). Le résultat est à la hauteur des ambitions affichées, puisque Bijou se regarde et se lit avec beaucoup de plaisir et d’intérêt.
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Construite selon le principe du gaufrier, la BD est composée de 63 pages quadrillées à l’identique et réparties régulièrement. Ce déroulé, pour le moins linéaire (et déjà utilisé dans plusieurs ouvrages dont l’excellent Les amours insolentes), donne au récit une grande fluidité et s’accompagne de belles illustrations aux traits soignés et savamment colorisées. Gros plan sur les visages et détails symboliques alternent avec des images de paysage urbains ou des situations cocasses (bien que parfois tragiques), nous faisant voyager par-delà les frontières et les pays.
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Grand amateur de voyage, Loustal pose ainsi d’abord le décor du côté de l’Alaska, où le dénommé Grégor Mc Grégor cherche de l’or en compagnie de… Jack London. Tandis que celui-ci goûte bientôt à la gloire avec son roman L’appel de la forêt, Mc Grégor part pour l’Afrique du Sud en quête d’un nouveau défi. Après plusieurs années passées à casser le caillou dans la mine, l’aventurier finit par extraire de la terre un bijou hors-norme : un énorme diamant brut.
C’est l’histoire de ce magnifique et unique bijou que nous raconte la bande-dessinée, ou tout au moins ses nombreuses pérégrinations. Passant de main en main, taillé puis retaillé, « Bellaciao » est monté en sautoir puis en bague, traverse les océans, se cache au creux d’une huître, brille de mille feux au doigt puis au cou de femmes amoureuses, fait la fierté de maris volages tout autant que le bonheur et le malheur d’un as de la pègre… Un vrai labyrinthe narratif. Un inventaire à la Prévert aussi, incongru mais divertissant.
Si le temps qui passe laisse son empreinte sur les visages des personnages, le bijou quant à lui se sauvera de mille situations hasardeuses. Ainsi donc, il ne coulera pas avec le Titanic, traversera les soirées mondaines et endiablées des Années Folles, jusqu’à échapper aux manifestations de Mai 68. La chance tournant parfois, il lui faudra patienter quelques années au fond d’un coffre, avant d’être sorti de là par Albert Spaggiari, auteur du « casse du siècle ». Ainsi va la vie de « Bellaciao », surprenante.
Nous emmenant dans les coulisses de l’Histoire, l’objet jongle avec les coïncidences, les anecdotes, les événements, la vanité de l’humanité. Et la BD se paie même le luxe de nous bercer de quelques extraits de chansons, interprétées par Léo Ferré ou Alain Bashung.
Bijou ? Un bon voyage assurément.
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Bijou de Fred Bernard et Loustal
Paru chez Casterman, septembre 2019
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