[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]P[/mks_dropcap]etite chronique pour évoquer le formidable Gris Klein, du trio Lavalois Birds In Row. Déjà, question à cent balles : c’est qui Birds In Row ?
Le groupe, composé de Bart Hirigoyen (voix/guitares), Timothée Duchesne (Batterie) et Thomas Dilis (voix/basse) se forme en 2009. Au moins deux des trois compères se connaissent parfaitement, ayant créé en 2001 Sling 69 et publié, en 2008, The Threatened Kind, album punk hardcore plutôt bien reçu à sa sortie. La légende veut qu’une semaine après le split de Sling 69, deux des anciens membres aient créé Birds In Row et enregistré leur première chanson au bout d’une semaine. Toujours est-il que l’histoire du groupe est, à ses débuts, quelque peu mouvementée : il se forme en 2009, enregistre deux Eps en 2010 et 2011, sort un long format (You, Me & The Violence) en 2012 et acquiert une solide réputation les faisant tourner aux États Unis la même année avec Touché Amoré, Defeater, en Europe avec Converge et d’autres noms prestigieux de la scène hardcore.
[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]E[/mks_dropcap]ntre-temps, avant l’enregistrement de You, Me, Timothée et Thomas forment en 2011, avec Quentin Sauvé et Matthias Jungbluth, Calvaiire. Timothée, avec les frangins Sauvé (Amaury, leur producteur attitré depuis leur premier Ep en 2010, et Quentin) ainsi que Bart créent Hourvari, projet post-rock/Sludge et sortent leur unique Ep en 2011. Bref, les projets se multiplient, les tournées semblent épuiser les membres, si bien qu’en 2014, Birds In Row annonce via facebook sa séparation. Très vite démentie par le groupe lui-même annonçant au final un changement de line-up (départ de Thomas Dilis et arrivée de Quentin Sauvé) qui ne bougera plus jusque là. En 2018, le groupe publie We Already Lost The World, plutôt chaleureusement accueilli et tourne un peu partout dans le monde pour le promouvoir. Puis tombe le couperet : la covid. Etat d’urgence, interdiction de sortir de chez soi sans autorisation, pass vaccinal obligatoire, fermeture des lieux de culture. Le monde se replie sur lui-même, développant une certaine paranoïa, alimentée à coups de fake news, d’interprétations biaisées, de déclarations à l’emporte pièce de certains charlatans. De ce traumatisme naîtra, deux ans plus tard, Gris Klein, nouvel album de Birds In Row. Nourri comme les précédents à l’urgence, la tension, biberonné à Slint, At The Drive-In ou encore Fugazi, Gris Klein va achever d’affirmer Birds In Row comme étant le représentant le plus crédible à ce jour de la scène Screamo, Post-Hardcore française à l’échelle mondiale. Les Lavalois réussissent ce que Noir Désir, au moment de Tostaky, a toujours rêvé de faire : gagner le respect de ses pairs hors de l’hexagone. En engageant Ted Niceley, la bande à Cantat se rêvait Fugazi. Manque de bol, les Français allaient se fracasser sur le mur de l’intransigeance des Américains, autant dans le discours (bien plus radical et sincère) que dans les faits (création de son propre label pour sortir ses disques. Chose que ne fera jamais Noir Désir).
[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]hez Birds In Row, il n’y a pas d’attitude, que des faits, les rapprochant de Fugazi : distribution chez des indépendants (Deathwish pour les deux premiers puis Red Creek, label du créateur de Cult Of Luna, pour Gris Klein), ego mis de côté au profit du groupe (la seule photo officielle les montrant floute leur visage). Et surtout démarche musicale allant au bout de son propos, à la fois accessible et radical. Nous sommes ici en présence d’un chien fou, hargneux, prêt à mordre quiconque s’en approche, toute colère dehors. Ça hurle à s’en déchirer les cordes vocales, c’est plus sec encore qu’un Iggy Pop déshydraté, par moment, ça ferait presque passer le Nirvana d’In Utero pour une fabulette d’Anne Sylvestre. Et pourtant, malgré toute cette fureur, cette tension permanente, admirablement gérée (parce que même quand le groupe la muselle, elle reste dangereusement présente, plus virulente encore que quand elle explose), à aucun moment le trio ne laisse l’auditeur sur la touche. Comme Converge, dont on pourrait également dire qu’ils sont les héritiers Français, il joue vite, très vite, fort, enchaîne les morceaux sans aucun répit mais, de par ses accalmies, son sens de la mélodie, hérité d’At The Drive-In ou Hüsker Dü, il sait se rendre accessible, parvenant à toucher du doigt ce que Nirvana au moment de Nevermind a réussi : un cross-over entre radicalité et popularité. Gris Klein en est le juste exemple. Ne reste plus qu’à espérer le même destin que Nevermind, sans l’issue fatale.
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Gris Klein – Birds In Row
Red Creek – 14 Octobre
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Image bandeau : montage photo groupe et pochette de l’album