Les albums à côté desquels vous ne pouvez passer !
Liyv – Apoptosis
Olivia Holman est une elfe. Ou une fleur. Ou les deux. Ou peut-être pas. C’est aussi une artiste plastique qui pratique l’horticulture à Portland, dans l’Oregon, il parait. Ou pas. À moins que ce soit une chanteuse, compositrice qui a sorti une chanson par mois en 2018, jonglant entre expérimentation electro et pop moderne avec pas mal de bonheur. Et qui sort cette année un album aux très nombreux titres très courts (oscillant entre 30 secondes et 3 minutes) répartis en trois actes. Une seule constante, la manipulation de sons parfois poussée vers l’extrême, y compris sur sa voix, omniprésente, que ce soit lourdement passée aux filtres déformateurs, auto-tunée (Toro), ou nue (Human000), d’une pureté désarmante (comme sur Godhunger ou I want you to be right there, ce qui fera hurler les détracteurs de l’auto-tune vu qu’elle n’en a visiblement aucun besoin) sur des titres variant entre futurisme extrémiste, volonté pop (Okobvi, Pink Twisted Lungs), aspirations modernes et réminiscences lointaines, empruntant parfois au répertoire vocal médiéval (Soluminario) ou baroque.
En résulte un album complètement extraordinaire, que les plus myopes rapprocheront bien entendu, à cause de ses visuels colorés et décalés et de cette propension à l’expérimentation qui peut perdre l’auditeur au premier abord, à Björk (le titre OOO est celui qui s’en rapproche le plus), mais d’écoute en écoute, on se détache de cette référence envahissante et on découvre, véritablement, complètement, un album de pop totalement et parfaitement baroque débarqué d’une autre planète, et, emphatique, on se met à écrire des phrases avec beaucoup trop d’adverbes. Cette musique, c’est celle des elfes-fleurs, sans doute.
Apoptosis, album autoproduit est disponible et en écoute depuis le 1er mars et pour ma part, il s’impose comme une des plus belles réussites de ce premier semestre.
lloyd_cf
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Benin International Musical – BIM #1
Conjointement initié par Hervé Riesen, directeur adjoint aux antennes et contenus de Radio France, et le producteur Jérôme Ettinger, le Benin International Musical est un bouillonnant collectif à effectif variable, centré sur sept musiciens et vocalistes, dont l’objectif avoué et assumé est de retranscrire toute l’effervescence de la scène locale béninoise, perpétuant les traditions musicales de l’ancien Royaume du Dahomey tout en épousant la vibration moderne des clubs de Cotonou.
Après quelques mois de rodage et plusieurs concerts enflammés, le groupe a publié à l’automne dernier son tout premier album studio, le bien-nommé BIM #1, dont les pistes galvanisantes et possédées, portées par un son viscéralement physique et brûlant, produisent d’épatantes étincelles : suivant une ligne d’ouverture à la fois insistante et éclectique, d’ébouriffantes charges afro-funk (Destiny, Allons Danser ou Benin Tovilê) en langoureuses vignettes empreintes d’un mélancolique folk électrique (Téoun Téoun, Achika Wôgo), en passant par d’envoûtantes transes polyphoniques (Iyé, Miwahe) et des embardées plus électroniques (The Benin Atmosphere, Voodoun Space), ce disque fiévreux distille une énergie foncièrement bienfaisante et communicative. Ce serait cependant un lieu commun facile, et partiellement inexact, que d’affirmer que ce projet transversal et exaltant dresse un pont entre coutumes ancestrales et esthétique contemporaine, tant son creuset hybride allie rock, soul, hip hop, électro et verve béninoise avec un naturel confondant, dépoussiérant au passage toutes les idées reçues liées au culte du vaudou tout en affirmant la volonté évidente et vigoureuse d’en découdre avec les scènes du monde entier.
Disponible en CD et digital depuis septembre 2018 via le label World Tour Records, disponible en écoute intégrale, BIM #1 a été réédité le 31 mai 2019 avec deux titres bonus.
Le Benin International Musical sera en concert à Paris (Cabaret Sauvage) le vendredi 14 juin 2019.
French Godgiven
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A.A. Bondy – Enderness
Superbe retour et nouvelle direction pour Auguste Arthur Bondy plus connu sous le nom de A.A. Bondy, avec la sortie d’Enderness et ses 10 nouvelles chansons qui donnent la sensation de voir Damien Jurado s’inviter chez The Notwist.
Si la guitare faisait la part belle sur ses 3 précédents disques, d’American Hearts en 2007 jusqu’à Believers en 2011, elle se fait ici discrète, largement débordée par quelques synthétiseurs et autres boîtes à rythmes.
Ce qui ne change pas c’est l’immense talent du bonhomme, autrefois leader de Verbena, car Enderness est juste superbe, étrange et envoûtant. Une douce et poignante tristesse se diffuse tout le long de l’album, à l’image de sa drôle de pochette et de son titre, A.A Bondy décapite la tendresse à coups de mélodies toutes simples et toutes belles. À peine l’enregistrement était terminé, la maison d’A.A. Bondy partait en fumée, dans un de ces feux qui ravagent de plus en plus souvent sa Californie. Espérons que cette mésaventure lui donne envie de nous revenir au plus vie, le malheur des uns…
Enderness est disponible depuis le 10 mai chez Fat Possum/Differ-Ant
Beachboy
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Plastic Mermaids – Suddenly Everyone Explodes
Ces sirènes en plastique nous viennent de l’Ile de Wight et se composent de 5 jeunes musiciens (les frères Richards, Jamie et Douglas, Chris Newnham, Tom Farren et Chris Jones) qu’on imagine tous fans des Flaming Lips, tant l’ombre de Wayne Coyne et compagnie plane sur Suddenly Everyone Explodes, leur tout premier disque.
Loin d’être une pâle copie, Plastic Mermaids démontre tout au long de ces 13 titres, une capacité à transformer l’auditeur le plus blasé en gamin devant son premier sapin de Noël, tant ce disque déborde de plaisirs et de surprises dans tous les coins. C’est même un feu d’artifice qui semble éclater devant nos yeux ébahis, sur les meilleurs moments de l’album, du génial single 1996 au tubesque I Still Like Kelis en passant par l’angélique Floating In A Vacuum, digne du meilleur Mercury Rev.
Réalisé avec 2, 3 bouts de ficelle et l’ingéniosité des frères Richards, Suddenly Everyone Explodes, pourtant, impressionne et enchante et nous embarque dans un splendide trip psychédélique, certes dans une fusée qui peut paraître brinquebalante mais pilotée avec maestria par 5 types un peu fous mais drôlement doués !
Nous vous souhaitons donc un joli voyage, pendant lequel vous croiserez de drôles de jouets (Yoyo, Unhappy Tamagotchi) et ferez les pires bêtises (Throwing Stones At The Moon, Aquarium Acid Trip). Plastic Mermaids nous donne là, le plein de bonheur, le plein de couleurs !
Suddenly Everyone Explodes est disponible chez Sunday Best/Modulor depuis le 24 mai
Beachboy
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Unkle – The Road: Part II (Lost Highway)
Quel ambitieux projet que celui orchestré de longue haleine par James Lavelle, tête survivante et pensante d’UNKLE depuis maintenant 25 ans ! Il y a deux ans, le premier volet de The Road avait déjà fixé les contours d’un assemblage épris de métissages.
Cette fois encore, le menu est copieux puisque la livraison est double (triple même pour les chanceux ayant la version instrumentale en bonus) et gavée de collaborations émérites. Si le casting est impressionnant, il est surtout un gain précieux afin de combattre le risque d’immobilisme que l’on aurait pu redouter d’une recette ressassée, bien que combinant habilement des affluents nourris de pop, rock, hip-hop, électro … mais jonglant surtout avec un certain brio entre les montées de fièvres maîtrisées et les accalmies somptueuses.
Le plaisir d’écoute de ce disque, à joindre avec la tenue du précédent, se campe ainsi dans un sémillant patchwork dont la faculté d’agencement nous permet de passer d’une humeur à son contraire, sans que les enchaînements ne jurent une seule seconde sur la feuille de match.
Pour ajouter encore un élément positif au crédit de cette sortie, l’artwork est doté d’une qualité visuelle véritablement classe. Bref, une belle coquille avec un contenu à la hauteur des hautes prétentions artistiques.
The Road: Part II (Lost Highway) est disponible depuis le 29/03/2019 chez Songs For The Def
Ivlo Dark
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