[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]vec Le Bruit des Arbres qui Tombent, Nathalie Béasse propose un théâtre d’images, une partition, une fresque composée d’instants de vie qui questionne les origines, la construction de l’individualité et du groupe.
Un plateau presque nu. Quatre chaises. Une lumière blafarde. Quatre acteurs se frayent un chemin parmi la forêt de spectateurs. Une gigantesque bâche noire tirée à bout de bras s’élève. Le bruissement, la lumière et les reflets ondoyants lui insufflent la vie. Entre mer d’huile et tempête, c’est un océan suspendu qui soudain envahit la scène au son des cordes de Gustav Mahler. Ce ballet aérien nous introduit et nous entraîne dans son sillage, dans l’univers des arbres qui tombent.
La pièce défile tel un fleuve emportant les spectateurs dans son cours, au gré de tableaux qui émergent du plateau, véritable terreau de création. Une autre narration apparaît, fondée sur les corps et la matière. Les liens se font et se défont entre les individus sur scène, des éclats de vie où pointent parfois la solitude, la colère ou la joie. La simple présence des acteurs, les corps, les gestes, leur jeu avec les éléments du décor parlent d’eux mêmes.
Les tableaux sont autant d’instants capturés et de questions posées dans le silence qui laissent le spectateur libre de se raconter ses propres histoires.
À la suite du spectacle, nous avons cherché à exprimer nos impressions et nos ressentis au travers d’une forme originale en rassemblant dessin, photographies, textes choisis et musique.
Merci pour ce moment de beauté suspendue.
Louise Bossé & Maëva Jarnoux
Pour Nathalie Béasse, la création débute d’abord en extérieur : le paysage, la lumière, les sons, le sable, la terre, l’eau, le bois, la roche aident à construire une atmosphère organique et poétique.
Quelques prises de vues qui nous ont évoqué le spectacle :
Vues des Anges, les cimes des arbres peut-être
sont des racines, buvant les cieux
Rainer Maria Rilke, Vergers et autres poèmes français
Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
de la Mer, infusée d’astres, et lactescent,
dévorant les azurs verts ; où flottaison blême
et ravie, un noyé pensif parfois descend
Arthur Rimbaud, Le Bateau Ivre
Peut-être voudras-tu t’approcher un peu Peut-être voudras-tu répandre le feu Non je n’oserai pas, non je n’oserai plus Venir te chercher, mon bois ne brûle plus si bien
Paroles de Bois, François and the Atlas Mountains
Quelques extraits de textes choisis :
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Tête de faune
Dans la feuillée écrin vert tâché d’or
Dans la feuillée incertaine et fleurie
De fleurs splendides où le baiser dort,
Vif et creusant l’exquise broderie,
Un faune effaré montre ses deux yeux
Et mord les fleurs rouges de ses dents blanches
Brunie et sanglante ainsi qu’un vin vieux
Sa lèvre éclate en rires sous les branches.
Et quand il a fui – tel un écureuil –
Son rire tremble encore à chaque feuille
Et l’on voit épeuré par un bouvreuil
Le Baiser d’or du Bois qui se recueille.
Arthur Rimbaud, Tête de faune
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L’infinito
Sempre caro mi fu quest’ermo colle,
E questa siepe, che da tanta parte
Dell’ultimo orizzonte il guardo esclude.
Ma sedendo e mirando interminati
Spazi di là da quella, e sovvrumani
Silenzi, e profondissima quiete
Io nel pensier mi fingo ; ove per poco
Il cor non si spaura. E come il vento
Odo stormir tra queste piante, io quello
Infinito silenzio a questa voce
Vo comparando : e mi sovvien l’eterno,
E la morte stagioni, e la presente
E viva, e il suon di lei. Così tra questa
Immensità s’annega il pensier mio
E naufragar m’è dolce in questo mare.
Leopardi, Chants, XII. L’infinito.
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Erscheinung
Was, heute, drängt dich zurück in den unruhig wehenden Garten,
durch den ein Schauer von Sonne
eben noch hinlief? Sieh,
wie das Grün hinter ihm sich verernstigt.
Komm! Dass ich könnte wie du
absehn vom Gewichte der Bäume.
(Bräche einer von diesen über den Weg,
schon müsste man Männer
rufen, um ihn zu heben. Was ist
so schwer in der Welt?)
Die vielen Stufen aus Stein
kamst du lauter herab: ich vernahm dich.
Hier wieder klingst du nicht an.
Ich bin allein im Gehör
mit mir, mit dem Wind… Plötzlich
eine Nachtigall türmt
im geschützten Gebüsch.
Horch, in der Luft, wie es steht,
verfallen oder nicht fertig. Du,
hörst du’s mit mir, du –
oder beschäftigt auch jetzt dich die andre
Seite der Stimme, die sich uns abkehrt?
Rilke, Apparition, Œuvres complètes III
Vous pouvez (re)découvrir Le Bruit des Arbres qui Tombent
le 28 juillet 2017 - La Biennale de Venise - Italie
du 28 septembre au 14 octobre 2017 - Théâtre de la Bastille - Paris (avec le soutien de l'ONDA)
les 16 et 17 janvier 2018 - Le Théâtre - Saint Nazaire
les 24 et 25 janvier 2018 - La Paillette - Rennes
le 1er février 2018 - Le Canal, théâtre du Pays de Redon - Redon
les 15 et 16 février 2018 - Le Quai - Angers
les 21 et 22 février 2018 - Le Théâtre de Lorient - Lorient