[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#CFA433″ txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]a force du dessin de Laurent Bonneau (« Ceux qui me restent« ) est incroyable. Et le scénario de Zidrou (« L’adoption« , « L’obsolescence programmée des sentiments« ) suffisamment subtil pour capter toute notre attention. « Les brûlures » (Grand Angle) trace un sillon indélébile dans l’actualité BD de cette année 2019. Impressions et sensations garanties, servies par une mine d’outils graphiques, variant de l’encre de chine à l’encre colorée.
Il faut prendre le temps de lire et de détailler les illustrations de ce roman graphique. Car les deux auteurs y distillent une ambiance particulière, nourrie de couleurs chaudes ou froides, vives ou ternes. De pleines pages parfois abstraites font jaillir les souvenirs, réveillent des désirs enfouis et nous offrent de méditer sur le cours des événements.
Celui-ci met en scène un tandem de flics, chargé de résoudre les crimes abominables de trois jeunes prostituées, dont tout le monde se fout ou presque. Elles sont étrangères et la publicité qui pourrait être faite sur le mystère macabre qui les entoure risquerait se gâcher la quiétude de la petite ville balnéaire française où les corps mutilés ont été découverts… Pas de quoi freiner, toutefois, la volonté des inspecteurs Light et Nutella, d’aller jusqu’au bout de la vérité.
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Pour autant, « Les brûlures » n’est pas à cantonner dans le seul genre policier. Le propos est plus large que cela, l’enquête n’étant en réalité qu’un prétexte pour sonder en profondeur l’âme humaine des différents protagonistes. C’est pourquoi la pelote de laine qui se déroule devant nous, d’abord dans un bar puis dans les couloirs, vestiaires et bassins de la piscine de la ville, croise plusieurs tableaux et prises de paroles. Qui pense et s’exprime ainsi ? Qui joue à quoi ?
Notre curiosité est piquée par le rythme de la narration, le découpage des cases façon cinémascope, les remous d’une mer carnassière, le secret du filtre à eau du moteur de la piscine… De quoi ne pas se risquer à flirter de trop près avec les sirènes. À moins de s’y brûler les ailes.
Les brûlures – Zidrou et Laurent Bonneau
Grand Angle – 6 mars 2019