Toutes les semaines jusqu’au 19 décembre, retrouvez une sélection hebdomadaire de conseils de cadeaux de Noël littéraires pour vous guider dans vos achats en librairie et… faire plaisir !
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Les choix de Marianne
Propriété privée de Julia Deck
paru aux éditions de Minuit – août 2019
Imaginez, vous tombez sur cette belle brochure de papier glacé vantant les beautés, l’écologie et la proximité de Paris de ce projet d’écoquartier. Tous les mots-clés imprimés sous ces photos trop lumineuses vous enchantent. C’est l’occasion rêvée de quitter la pollution ! Il est temps de sauter le pas et d’enfin entrer dans le clan des propriétaires, de cesser de payer vainement un loyer trop cher dans la capitale. C’est l’extase. Le pas qui vous projette dans le monde sérieux. Enfin, pas trop non plus, on parle d’un quartier calme, moderne, avec huit belles maisons – mais pas trop grandes, juste ce qu’il faut. Des voisins partageant les mêmes valeurs, avec qui vous pourrez lier de vrais liens profonds. Pourquoi pas un potager partagé ou un compost collectif ? Tout est possible dans ce lieu qui ne demande qu’à sortir de terre et être animé par vos vies à tous. Vous n’y êtes pas trop habitués mais cela sonne comme une belle idée pour la cohésion de voisinage.
C’est du moins ce que vous imaginez. Mais une fois installés dans votre propriété privée, la réalité prend une autre forme. La promiscuité, les commérages, l’hypocrisie ne sont-ils pas finalement de chaque quartier – éco ou pas ? Et c’est sans compter sur la présence de ce fameux chat.
Julia Deck réussi un roman aussi drôle que pinçant, cynique et profondément humain. A travers le malaise de Charles et Eva, elle pose un regard juste sur ces modes de vie qu’on nous pousse à aimer, sur ces images d’accomplissement proches de l’american dream, sur ces éléments de langage qui finissent par s’envoler en fumée et, au final, sur les désirs de paix et de tranquillité qui nous rassemblent tous.
L’autrice nous offre un regard doux amer sur notre société d’aujourd’hui et on se régale !
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Les choix de Marion
Falalalala d’Emilie Chazerand
Paru aux éditions Sarbacane – octobre 2019
Falalala : un roman de Noël déjanté, hilarant et bourré d’émotions ! Il y a deux ans, Emilie Chazerand nous avait déjà fait pleurer et rire aux larmes avec son roman destiné aux adolescents La fourmi rouge, aux éditions Sarbacane. Elle remet le couvert cette année avec le déjanté Falalalala !
Bienvenue dans la famille Tannenbaum, où tout le monde est petit ! Trois générations d’achondroplases, soit sept naines, gèrent ensemble Tannenland, paradis des êtres miniatures et attraction alsacienne qui attire presque autant de monde que la cathédrale de Strasbourg. Et au milieu de tout ça, il y a Richard, 19 ans, seul garçon de la tribu et qui, pour ne rien arranger, mesure 1m98 … Comment trouver sa place quand on ne connaît pas son père et qu’on est le seul grand dans une maison miniature ?
A part ça, tout va bien chez les Tannenbaum … Si on oublie que Lulu a le cœur qui flanche, que Leni est tombée amoureuse (et enceinte !) du voisin ennemi, que Fritzi perd la boule, qu’Herta grandit et se pose des questions, que Zella a perdu l’amour de sa vie par peur et que Bettina, matriarche de cette famille improbable, refuse de s’ouvrir à autres que sa famille. Si on ajoute à tout ce petit monde Daphné, étouffée par l’obsession de sa mère pour son physique et son poids, Pravda, squelette couvert de piercing et amateur de blagues caustiques, ou encore Hazim, migrant qui trouvera refuge à Tannenland, on obtient un roman de Noël hilarant à l’humour décapant.
On s’attache aux personnages terriblement drôles et humains, on rit à chaque page, on est ému aussi. Car Falalalalala, c’est plus qu’un livre comique : c’est une oeuvre bourrée d’émotions et de sincérité, qui bouillonne de colère, de tristesse, d’envie et de rage de vivre. Un roman lumineux qui réchauffe le cœur, et qui se déguste idéalement avec un chocolat chaud au coin du feu, de 14 à 114 ans.
En un seul mot : “Fantastibuleux” !
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La vie en chantier par Pete Fromm
Paru aux éditions Gallmeister – septembre 2019
Pete Fromm nous avait déjà comblés en terme d’histoire d’amour magnifique et déchirante avec l’exceptionnel Mon désir le plus ardent. Il ne compte pas s’arrêter là et nous propose cette année un autre titre dans la même veine : La vie en chantier, toujours aux éditions Gallmeister.
Marnie et Taz forment un couple fusionnel et complice qui a tout pour être heureux. Ils sont jeunes, dynamiques, ont des projets plein la tête et se sont récemment lancés dans la construction d’une nouvelle maison. Il y a bien quelques problèmes d’argent, Taz ayant parfois des difficultés à trouver des missions en tant que menuisier, mais qu’importe quand on a l’amour ? Quand ils découvrent que Marnie est enceinte, c’est tout d’abord la peur qui fait son apparition, peur rapidement remplacée par l’excitation de ce nouveau défi qui les attend, cette nouvelle vie qui s’annonce tout aussi fantastique. Pourquoi s’inquiéter ? Ils ont pour eux l’immortalité de la jeunesse, l’insouciance de croire que rien ne pourra jamais les arrêter. Mais tout ne se passe pas comm prévu, et Marnie meurt en mettant au monde leur fille … Le monde s’effondre pour Taz, qui ne rêve plus que de la rejoindre. Mais il y a ce bébé aux grand yeux qui a besoin de lui pour avancer dans le monde.
Ce roman porte bien son titre : La vie en chantier, ce sont ces projets écroulés, cette vie qu’il faut rebâtir avec de nouveaux éléments, et la reconstruction de soi après un tel traumatisme. Que faire quand on a perd sa moitié, sa raison de vivre, mais qu’il faut continuer coûte que coûte pour un autre petit être ? Il s’agit de ne pas oublier, mais de ne pas laisser cette perte tout envahir. S’accrocher aux souvenirs, sans que ces derniers prennent le pas sur le présent. Heureusement Taz n’est pas seul dans cette épreuve, et d’autres personnages attachants sont là pour lui. Il y a tout d’abord Lauren, sa belle-mère, qui partage la douleur d’avoir perdu Marnie. Rudy, son meilleur ami déjanté fait tout pour alléger son fardeau, au niveau professionnel ou émotionnel. Il y a aussi Elmo, la baby-sitter aux cheveux rouges et aux idées folles dont Taz refuse de trop se rapprocher par culpabilité. Et enfin il y a Midge, cette nouvelle raison de vivre qui ne parle et ne marche pas encore et à qui il va devoir transmettre l’image de sa mère et la passion de cette dernière pour l’eau et la nature. Car s’il s’agit d’un roman de famille, ce livre s’inscrit également dans la littérature des grands espaces où le paysage est magnifié. Les montagnes et les rivières du Montana sont si bien retranscrites qu’on a presque l’impression de respirer le même air que les protagonistes.
Pete Fromm nous livre une histoire splendide bourrée d’émotions autour du deuil, émouvante mais toujours pleine d’espoir et qui souligne la beauté de la vie. A l’aide d’une écriture sobre, dépouillée, il parvient à magnifier une histoire cruellement banale avec une justesse incroyable, sans jamais tomber dans le misérabilisme ou le larmoyant. On ressort de cette épreuve la gorge nouée après avoir partagé la tristesse incommensurable de Taz, la larme à l’œil mais avec un sourire apaisé aux lèvres.
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Les choix de L’Ivresse Littéraire
Lundi mon amour de Guillaume Siaudeau
Paru chez Alma Editeur – septembre 2019
Et si, pour Noël vous demandiez un voyage sur la lune ? Impossible, vraiment ? Alors laissez-vous bercer par Lundi mon amour de Guillaume Siaudeau et vous verrez que la lune n’est pas si inatteignable.
Harry en tout cas compte bien y parvenir et même si l’agence de voyage semble l’avoir pris pour un fou, et même si Harry est désormais dans un établissement surveillé par de gentils hommes en blanc, ce n’est clairement pas une raison pour renoncer à son rêve. Au contraire, dans ce lieu où ennui et quotidien se confondent – sauf quand la mère ou la tante d’Harry viennent lui rendre visite, il va avoir tout le loisir de construire en secret sa fusée. Il lui suffit pour cela de récupérer assez de rouleaux de papier toilette et de trouver un moteur assez puissant, comme celui de l’aspirateur par exemple.
Oui, Harry est un peu spécial mais terriblement attachant. Et l’on se glisse avec un plaisir non dissimulé dans les pensées de cet homme dont la vision du monde et la manière d’être au monde semble hors du commun. Mais qu’est-ce que le commun ? Ce que la société instaure ? Sans rêves ? Sans goût ? A lire Harry on a envie de croire qu’on peut se laisser aller à un grain de folie ensoleillé. A lire Guillaume Siaudeau on découvre un monde nouveau ou peut-être redécouvrons-nous le monde. Poétisé. Enveloppé d’une douceur qui recouvre tout. Les blessures comme les colères. Un monde qui trouverait d’autres explications aux choses. Pourquoi pas après tout, si on se laissait un peu aller. Si on se laissait bercer par l’imagination peut-être qu’on atteindrait un peu la lune.
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Les choix de Velda
Sirènes de Joseph Knox
traduit par Jean Esch, publié chez Le Masque (disponible au Livre de Poche)
Il n’est pas si fréquent de découvrir une nouvelle voix originale dans le domaine du roman policier et du roman noir. Les deux premiers romans de l’Anglais Joseph Knox font partie de mes découvertes préférées de ces deux dernières années. L’auteur a commencé à faire parler de lui au célèbre festival de Harrogate en 2017 : il faisait partie de la sélection des « jeunes pousses » du roman policier. Depuis, son premier roman, Sirènes, lui a valu un beau succès de librairie et de presse, ainsi que l’estime et l’amitié de beaucoup de ses pairs.
Avec Sirènes, nous faisons la connaissance d’un enquêteur pour le moins atypique, Aidan Waits, jeune flic de Manchester cantonné au service de nuit à cause de ses exploits en service – consommation et dissimulation de substance prohibées, entre autres. C’est dire que notre homme se fiche royalement des règles, et qu’il le paie cher. Manchester by night : ses dealers, ses fêtes dantesques organisées par le caïd de la drogue qui, pour faire bonne mesure, touche aussi à la prostitution de jeunes filles, ses overdoses de très jeunes gens, ses fonctionnaires corrompus. En un premier roman à l’intrigue poisseuse à souhait, à l’ambiance résolument noire, où les titres de parties sont empruntés aux albums de Joy Division, Joseph Knox se pose comme un auteur avec qui il faut compter.
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Chambre 413 de Joseph Knox
traduit par Fabienne Gondrand, publié chez Le Masque
Joseph Knox confirme avec son deuxième roman, Chambre 413. Toujours Manchester, toujours Aidan Waits en équipe de nuit avec son cauchemardesque partenaire le mal nommé Sutcliffe – homonyme du fâcheusement célèbre éventreur du Yorkshire. Cette fois, c’est à l’ex-Palace Hotel que démarre l’affaire avec la découverte d’un cadavre dépourvu de tout indice d’identification, et porteur d’un sourire pour le moins macabre… C’est le début d’une intrigue très élaborée, d’une exploration de tous les dangers de la ville de Manchester, de ses gangs et de ses personnages redoutables. Dans ce deuxième roman, on en apprend un peu plus sur le passé douloureux d’Aidan Waits, son enfance tragique et les fantômes qui l’habitent. Joseph Knox travaille ses atmosphères comme personne, décrit sa ville sous le soleil écrasant de l’été, esquisse ses décors à coups de crayon puissants, fait naître des personnages qui, d’emblée, prennent leur place dans le récit et l’esprit du lecteur, émaille ses dialogues d’expressions particulièrement fleuries et imaginatives.
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Ceux que nous avons abandonnés de Stuart Neville
traduit par Fabienne Duvigneau, paru chez Rivages/Noir – avril 2019
L’auteur d’Irlande du nord Stuart Neville avait fait une entrée fracassante dans le domaine du roman noir avec sa série Jack Lennon, et notamment les formidables Fantômes de Belfast (Rivages 2011). Depuis, on avait un peu l’impression qu’il se cherchait, et ses dernières publications étaient, certes, tout à fait honorables, mais pas vraiment remarquables. Il revient cette année avec Ceux que nous avons abandonnés, un formidable roman noir psychologique prenant et bouleversant. Le sujet : deux jeunes gens ont passé une partie de leur adolescence dans un centre de détention pour mineurs. Le cadet, Ciaran, 19 ans, a été condamné pour le meurtre du père de la famille d’accueil qui l’hébergeait, lui et son frère aîné Thomas, lui aussi condamné pour complicité. Ciaran vient d’être libéré : entré en détention à l’âge de 12 ans, le monde extérieur lui est inconnu… Son frère Thomas va le prendre en charge. Très vite, on comprend que quelque chose ne va pas dans cette histoire, et surtout que la relation entre les deux garçons est complexe, perverse, dangereuse, inquiétante. Stuart Neville dévoile devant nos yeux une histoire tragique, deux destins déchirés, deux vies foutues. Et la fin du roman arracherait des larmes aux plus endurcis d’entre nous…
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Les choix de Typhaine
Les Îles aux Pins de Marion Poschmann
traduit par Bernard Lortholary, paru aux éditions stock en mars 2019
Gilbert Silvester se réveille un beau matin avec un sentiment irritant : sa femme le trompe. C’est donc tout naturellement furibond qu’il saute dans le premier vol pour Tokyo, les haïku de Basho dans la poche et l’appel des fameuses Îles aux Pins pour seul horizon… Sur place, sa rencontre saugrenue avec le jeune Yosa, étudiant désireux de mettre fin à ses jours, va transformer son séjour d’abord joyeusement persiflant en une véritable quête intérieure tendrement surprenante, à l’ombre bienveillante de quelques guides sylvestres.
Étrange, loufoque et poétique, cette promenade japonaise dévoile les beautés singulières d’un pays révélateur de paradoxes intimes.
Une balade drôle et onirique à glisser sous le (sa)pin !
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Les choix de Sandrine
Il était un fleuve de Diane Setterfield
traduit par Carine Chichereau, paru aux éditions Plon – mai 2019
Amateurs de grands romans, de contes et de mystères, ce livre est pour vous ! Diane Setterfield, dont nul n’a oublié Le Treizième conte, nous embarque une fois encore avec brio dans une histoire envoûtante aux accents fantastiques, dans la pure tradition des grands romans victoriens ou gothiques. Nous sommes au XIXème siècle dans le village de Radcot, une bourgade au bord de la Tamise. En cette nuit sombre et brumeuse du solstice d’hiver, les habitués sont rassemblés à l’auberge du Swan autour du conteur qui régale son auditoire d’histoires incroyables.
La porte s’ouvre soudain sur un homme blessé qui s’effondre, un dénommé Henry Daunt, tenant dans ses bras une fillette inerte. Mandatée d’urgence, Rita Sunday, l’infirmière du village, ne peut que constater le décès de l’enfant. Laquelle, défiant toutes les lois de la science, revient à la vie quelques heures plus tard… Cette résurrection est le point de départ de ce superbe roman, aussi glaçant et fascinant que les eaux profondes du fleuve qui le traverse.
Qui est donc cette mystérieuse fillette mutique sauvée des eaux, qui porte sur elle une odeur de vase récurrente ? Des fillettes de cet âge ont disparu dans la région plusieurs années auparavant et les théories vont bon train. Est-ce Amelia, la fille des Vaughan, enlevée deux ans plus tôt ? Alice, la fille du jeune Robin Armstrong, dont le père va partir en quête d’indices ? Celle de la servante du pasteur ? Ou celle du Silencieux, le batelier fantôme qui hante les récits des villageois et qui, tel Charon sur les eaux du Styx, transporte les âmes de l’autre côté de la rive ?
Diane Setterfield dévide les fils d’une histoire parfaitement maîtrisée dans ce roman envoûtant, porté par une prose limpide et par les eaux tumultueuses du fleuve qui dissimulent mystères et secrets. Conteuse habile, elle parvient à tisser un réseau d’intrigues subtilement mêlées et à donner vie à une galerie de personnages authentiques et attachants, petites gens au grand cœur portés par leurs traditions et croyances. À la fois conte, enquête et roman historique, mêlant folklore, suspense et un brin de romantisme, ce roman hypnotique, impossible à lâcher, est un très bel hymne aux contes d’antan, à offrir sans hésitation en ces fêtes de fin d’année à tous ceux qui ont besoin de s’évader.
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Comme au cinéma de Fiona Kidman
traduit par Dominique Goy-Blanquet, paru aux éditions Sabine Wespieser – mai 2019
Grande dame de la littérature néo-zélandaise depuis près de 40 ans, Fiona Kidman n’a été découverte que tardivement chez nous grâce aux merveilleuses éditions Sabine Wespieser et la moitié de ses écrits reste inédit en français. Comme dans les somptueux Rescapée (2006) ou Le livre des secrets (2014), ce sont les femmes qui portent ce bouleversant roman à bout de bras. Dans cette chronique familiale qui s’étend de 1952 à 2015, la romancière met en lumière l’empreinte indélébile laissée par chaque génération sur la survie de sa descendance. Et c’est un coup de maître que ce roman dérangeant et sans concession du temps qui s’enfuit et de l’indicible.
Tout commence en 1952. Irene Sandle, bibliothécaire et veuve de guerre, quitte Wellington avec Jessie, sa fillette de six ans, pour la côte Ouest et le travail harassant de la cueillette du coton. Si l’espoir de jours meilleurs se profile très vite par le biais d’une rencontre, Irène va rapidement se retrouver piégée et tenue de lier son destin à Jock, un homme plus âgé qu’elle qui gère la plantation. Trois enfants plus tard, Irène est emportée par un cancer.
Jock se remarie avec une femme vulgaire et égoïste, qui n’éprouve qu’aversion pour ces enfants qui ne sont pas les siens. Chacun va donc devoir tracer sa route, le plus loin possible de ce foyer qui n’en est pas un. Ainsi suivons-nous les vies tourmentées de la fratrie et de sa descendance sur un demi-siècle, découvrant peu à peu de terribles secrets enfouis et les véritables raisons de la fuite de chacun.
Loin de l’image de la famille refuge, symbole d’amour et de réconfort, à laquelle nous aspirons tous, Fiona Kidman dresse ici le portrait d’une famille brisée dont chacun des membres veut s’affranchir ou s’échapper, ne trouvant aucune autre issue possible à son salut. Un portrait très sombre, dans lequel la violence tient une place importante et où les liens fraternels sont mis à rude épreuve.
En prenant pour toile de fond, comme à l’accoutumée, l’histoire et les traditions de son pays, ses problèmes de discriminations et la place des femmes dans la société, Fiona Kidman déroule avec délicatesse les fils de vies saccagées, semées de souffrances et d’embûches, et nous livre un roman cruel et poignant sur la résilience, le pardon et la survie. A la fois sombre et lumineux, Comme au cinéma est de ces textes forts et intimistes qui passent souvent inaperçus et méritent pourtant vraiment que l’on s’y intéresse.