[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]J[/mks_dropcap]e viens d’apprendre le décès de Caroline Crawley, chanteuse des Shelleyan Orphan.
Caroline c’est d’abord une voix pour moi. Chaude, proche, capable d’envolées très lyriques. Une voix souvent en duo avec le guitariste du groupe Jemaur Tayle. Ils se répondaient l’un l’autre. C’était beau, souvent, triste aussi un peu parfois.
Shelleyan Orphan, c’est un groupe découvert par hasard en 1989, au moment de la sortie de Century Flower, leur deuxième album.
Fouinant dans une médiathèque, je tombe sur cette pochette, photo d’une fleur rouge.
En 89, je lorgne plutôt du côté des gothiques, le noir intégral. J’emprunte le disque. Et je suis emporté. Pourtant, c’est un disque plutôt pop, il y a même du saxophone sur le premier morceau! Horreur. Sacrilège. Du violon aussi mais ça je commence à aimer depuis quelques temps. Le pire, c’est surtout qu’il y a des morceaux entraînants, pas du tout dans mes standards.
Mais voilà, il y a la voix de cette fille. Elle me parle. Comme me parlera plus tard Natalie Merchant. Et puis, c’est tellement vivant cette musique.
Par exemple, le morceau Summer Flies me transporte depuis donc presque 30 ans. J’ai toujours la même émotion en l’écoutant. Un truc très adolescent, mélange de peur, de désir, d’amour, de mal-être.
Pareillement, la chanson Burst, sur sur l’album Humroot, sorte d’hymne à la joie avec des paroles plus sombres :
« Hey mama
you’ve done something wrong »
Et puis, il y a ces vocalises de Caroline sur ce titre. Ces envolées si pleines de vie et d’entrain.
Shelleyan Orphan, ce n’est pas le groupe de ma vie. Je n’en n’ai parlé que rarement. Pourtant, sur les compilations que je faisais en cassette à l’époque, ils étaient souvent présents à travers un titre.
Je n’ai jamais vu le groupe en concert.
Ils n’ont jamais, je crois, eu un grand succès.
Ils sont restés underground. Peut-être que ça leur allait bien.
Ils sont passés dans Les Inrocks. Prise en photo, la chevelure longue et frisée, rousse, de Caroline rajoutait un peu à l’aura du groupe pour moi et surtout à son aura à elle…
1992, année de leur troisième album. Encore un bel album. Resté plutôt confidentiel.
Leur musique n’était pas faite pour les charts. Trop intimiste je crois. Trop touchante.
Ils ont disparu.
Puis en 2008, surprise, un nouvel album. Que j’ai écouté. Que j’ai aimé. Mais le rapport à la musique avait changé depuis 1992. Internet avait bouleversé les choses. Et les nouveautés se succédant à un rythme effréné, ce We Have Everything We Need est un peu passé à la trappe.
Je me demande d’ailleurs si elle n’est pas plus connue pour sa participation à This Mortal Coil, le groupe du boss de 4AD que pour son propre groupe. Pourtant, un tel morceau appelle forcément à en savoir plus:
Ce soir, c’est encore un morceau de ma jeunesse, de notre jeunesse, qui part.
Après Bowie et Prince (et tant d’autres). Mais peu de gens, je crois, parleront de Caroline Crawley et de son groupe.
Alors, j’ai voulu écrire ces quelques lignes, en espérant que certains d’entre vous auront la curiosité d’aller jeter une oreille à ces belles chansons et cette voix si particulière.