[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]D[/mks_dropcap]ans la lignée de Broken Social Scene ou Arcade Fire, les musiciens canadiens voyagent souvent en troupes tels des caribous déchainés dévalant à toute berzingue les autoroutes du succès. Cependant, quelques uns d’entre eux baguenaudent, en loup solitaire, de ci de là, quitte à passer inaperçu malgré un talent tout aussi remarquable voire bien supérieur. C’est le cas aujourd’hui avec Chad VanGaalen, drôle de bonhomme à la tête d’une discographie de plus en plus impressionnante.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]’est peu dire que Chad Vangaalen est un animal solitaire, prenez son excellent dernier album, Light Information. Paroles, musique, il a tout fait, piochant dans ses divers et étonnants instruments entassés dans son garage familial qui lui sert de studio, allant même jusqu’à nommer un étrange et fascinant instrumental Prep Piano And 770 de son Korg 770.
Nous lui devons même la pochette. Seul Ryan Bourne (Ghostkeeper), passant sans doute par hasard dans le coin en bon voisin de Calgary, vient poser quelques lignes de basse sur Mystery Elementals. Grand prince, Chad a même autorisé ses 2 filles Ezzy et Pip à venir prêter leurs juveniles voix sur le bancal et charmant Static Shape, qui clôture joliment son sixième album, qu’il a donc porté de bout en bout .
C’est en effet une jolie collection de disques, toujours enregistrés seuls à l’exception de rares invités, que nous offre notre homme de Calgary, jeune quadra et heureux père de famille, depuis maintenant une bonne dizaine d’années puisque son premier disque, l’excellent Infiniheart date de 2004.
Il a par la suite enchaîné les disques à intervalles réguliers, on citera les forts recommandables Soft Airplane ou Diaper Island pour les oreilles curieuses qui chercheront à creuser l’œuvre du bonhomme croisé également sous le pseudonyme de Black Mold ou en compagnie de Xiu Xiu pour un étrange split album The Green Corridor II.
Folk, Pop, Rock, une petite touche d’expérimental voire de psychédélisme, le tout en mode lo-fi, ses disques se distinguent, et le dernier en date ne fait pas exception à l’affaire, par un sens de la mélodie remarquable, une inventivité réjouissante, avec parfois le défaut d’empiler les titres à vitesse grand V, sans trop faire le ménage dans quelques bouts de chansons vite torchés, les moyens du bord étant limités, mais comme dirait l’autre, less is more.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap] l’instar d’un Owen Ashworth aka Advance Base (Casiotone For The Painfully Alone) dans une veine moins rock, voire même du grand Daniel Johnston, Chad VanGaalen jette ses idées comme elles viennent, entre folie et anxiété, la musique comme antidote au mal qui ronge. Ça peut parfois tomber à côté mais quand cela touche au but, c’est juste splendide.
Son nouvel album ne fait pas exception à la règle, même si sa paternité semble nous l’apaiser, voire même le transporter, éternel enfant en charge de sa famille. Ainsi, 2, 3 chansons (un Golden Oceans trop bordélique, un Face Lit trop Pavement pour être honnête) auraient sûrement mérité un traitement plus approfondi mais même ces quelques (petits !) ratés dégagent un charme indéniable et immédiat.
Pour le reste c’est du très grand VanGaalen. Pine & Clover nous rappelle que Neil Young, lui aussi, est canadien et qu’il a là un très digne héritier.
Mac De Marco, quant à lui, doit se faire tout petit devant les superbes Old Heads, Mystery Elements ou Mind Hijacker’s Curse. La magnifique ballade You Fool, toute en montée vertigineuse et la délicate et enflammée Borken Bell nous convainquent définitivement que ce Light Information fera partie de ses plus beaux disques.
Light Information est disponible depuis le 08 septembre chez le fidèle Sub Pop, vieux compagnon de voyage et PIAS.