C’est avec une joie certaine que je me suis rendu ce samedi, pour la seconde fois, dans la nouvelle salle de la Villette, la Grande Philharmonie. Je m’étais déplacé voir les Tindersticks quelques mois plus tôt, et disons-le franchement j’avais été soufflé par la qualité du son produit à cette occasion. Moi qui suis habitué aux petites salles, celle-ci me paraissait impressionnante, même depuis le balcon.
Cette fois, je me suis retrouvé en bas, à quelques mètres seulement de la scène. Avant de m’y rendre, j’ai effectué quelques recherches sur Chilly Gonzales, et notamment ses prestations scéniques. Entouré de tout le 16ème arrondissement, je vois donc apparaître le bonhomme, en peignoir et charentaises. Dans le brouhaha des gens en retard, il se place silencieusement devant son piano et entame le concert avec quelques morceaux de son premier opus « piano solo ». Une première pour moi, puisque d’habitude, je suis plus rodé à des concerts bruyants, mais jamais ou presque avec cette ambiance feutrée et presque intimiste.
Après quelques tours de chauffe, son quatuor à cordes, le Kaiser Quartet, fait son apparition, pour entamer la présentation de son superbe nouvel album, Chamber. Très vite, il prend la parole, alternant le français et l’anglais pour expliquer la genèse de son disque, mais se lançant également dans une rhétorique décortiquant la musique de Brahms ou des Beatles. Et le bonhomme se montre drôle, pour ne pas dire hilarant. Il nous dit combien il est heureux de jouer ici ce soir. « Il fait beau, et tous les connards sont à Cannes ». Mais pour moi, le spectacle se passe aussi dans les rangs du public. Devant moi, une mamie ne semble pas comprendre l’anglais et va passer son temps à demander, à chaque réaction hilare du public, à son voisin de droite « qu’est-ce qu’il a dit ? ». Situation assez cocasse.
Gonzales est un virtuose, mais ne semble pas vouloir en faire l’étalage. Il alterne les nouveaux morceaux et les anciens. Tout à coup, en plein morceau, la salle se rallume. Tout le public monte les yeux vers les lumières sans comprendre quand tout à coup, la batterie résonne, surprenant l’audience toute entière. Il ne s’agissait là que d’une diversion, pour surprendre son monde. Le batteur frappe ses fûts violemment… Effet garanti, toute la salle sursaute. Vient ensuite un morceau de rap. Là encore, Chilly Gonzales est hilarant. Il vient d’empoigner des Bongos, accompagné de son quatuor, et déclame, avec hargne, un texte rappé. Formidable. Il en profite au passage pour expliquer pourquoi, selon lui, on ne peut pas aimer sa musique et celle de… Mathieu Chedid. Difficile à retranscrire, ses blagues font mouche à tous les coups.
Le concert suit son cours sans temps mort. Il demande une lumière plus intime et voilà la salle plongée dans le noir complet, pour entamer une nouvelle pièce musicale de toute beauté dans l’obscurité la plus totale. Bref, tout est parfait, l’humour, la virtuosité, la sympathie, la bonne humeur, et le plaisir d’écouter une musique dont je suis, finalement, peu coutumier.
Mais voilà. La salle s’avère vite ne pas être de si bonne qualité. En effet, à de très nombreuses reprises, du larsen, et des bruits de saturations viennent entacher cette musique roublarde, sensible et d’une extrême finesse. « La grande salle philharmonique » dira-t-il en levant les yeux au ciel, se moquant ainsi gentiment de l’organisation. Il parviendra même à désaccorder son piano tant il le maltraite en fin de set.
L’heure des rappels sonne. Il est en sueur et de ses longs cheveux noirs jaillissent à plusieurs reprises de l’eau, le faisant ainsi plus ressembler à un boxeur en fin de match qu’à un pianiste. Il nous gratifie de quelques félicitations. « Public formidable… Une foule sentimentale », et voilà qu’il reprend Alain Souchon, au piano, toujours accompagné de son quatuor.
Après deux rappels, il termine son concert avec le morceau qui ouvre son dernier album. C’est sublime. Malgré les problèmes techniques rencontrés, je repars heureux, souriant et sous le charme de ce mec qui assure un show détendu et fascinant, et finalement beaucoup plus rock’n roll, dans l’attitude, que bien des concerts auxquels j’ai pu assister.
Dernier album paru, Chamber, chroniqué en ces pages ici.
Je garde un souvenir absolument génial de lui ! Je l’avais croisé dans mon travail, pour les 20 ans de l’émission de radio de Pete Tong sur BBC Radio 1. Il avait joué « You Can Dance » si je me souviens bien, incroyable 🙂