[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#7b8f84″]Q[/mks_dropcap]uand de la douleur, personnelle et universelle, naît la beauté… c’est ainsi que nous pourrions présenter le très joli nouveau disque de Colleen. Celui-ci s’appelle A Flame My Love, A Frequency, un album sur lequel Cécile Schott bouleverse ses habitudes, même si ce mot ne veut pas dire grand chose pour une artiste aussi originale.
Si l’album débute par November, ce n’est pas pour me faire plaisir et s’accorder avec la date de parution de cette chronique, non, le morceau se réfère malheureusement aux attentats du 13 novembre alors que Colleen se trouvait pour l’occasion à Paris (elle vit dorénavant en Espagne) avec Iker Spozio, l’artiste à qui l’on doit ses pochettes de disque.
À la même période, elle vivait également la maladie grave d’un proche, ce qui eut pour effet de l’éloigner de ses travaux avant de se replonger dans ses expérimentations musicales, catharsis nécessaire pour retrouver innocence et joie de vivre.
Ainsi, A Flame My Love A Frequency la voit mettre de côté sa viole de gambe pour un album électronique, à partir de synthétiseurs, de logiciels et de pédales Moog. À l’inverse, sa voix n’a jamais été aussi naturelle, aucune trace d’overdubs ici, Colleen se donne telle qu’elle est, singulière et optimiste, mélancolique et joyeuse, tout le long de cet album enregistré à San Sebastian.
Colleen joue sur les fréquences et les rythmes, les boucles et la douceur de sa voix, donnant une tonalité très chaude et minérale à ces huit morceaux.
La tristesse et la mélancolie ne sont jamais loin, mais une fraîcheur toute particulière donne le sentiment de se plonger dans quelques comptines enfantines, histoire de se donner du baume au cœur, dans ce monde de fou, The World Had Nearly Ended Yet The Sky Was Blue, susurre-t-elle sur l’hypnotique Winter Dawn, l’un des plus beaux morceaux du disque.
Minimales et poétiques, les vignettes électroniques portent en elles une émotion juste et poignante, que ce soit sur le splendide The Stars Vs Creatures ou l’irréel et touchant Summer Night (Bat Song), ou bien encore le poignant morceau qui donne son titre à l’album en final. Là, on découvre en Colleen une magnifique chanteuse, émouvante et humaine.
Les instrumentaux apportent ce contre point lumineux nécessaire, comme si leur apparente légèreté (November, Another World) était nécessaire pour continuer à vivre et rappelle que la vie est faite de joies et de drames.
Colleen poursuit donc son aventure musicale si singulière avec un beau disque à l’émotion palpable et profonde, quelques boucles synthétiques peuvent ainsi nous réchauffer le cœur quand elles sont dans les mains et l’esprit d’une musicienne vraiment à part.
A Flame My Love, A Frequency est disponible depuis le 20 octobre chez Thrill Jockey / Differ-Ant