Toutes les semaines jusqu’au 19 décembre, retrouvez une sélection hebdomadaire de conseils de cadeaux de noël littéraires pour vous guider dans vos achats en librairie et … faire plaisir !
Les choix de Typhaine
Cher monstre de Emma Yarlett
paru aux éditions Albin Michel Jeunesse en octobre 2019
conseillé à partir de 4 ans
Même si l’on est peu porté sur la tradition, il reste assez certain qu’à Noël, les grands comme les petits vont participer à des festins de toute nature ! Alors pourquoi ne pas inviter un chef particulier pour cette occasion particulière ? En effet, il existe un monstre expert en petit dîner sur le pouce…son ingrédient favori après une période de disette ? Un enfant pardi ! Et comme le monstre est grand prince, il va s’empresser de convier tous ses vilains amis à venir déguster ce repas inespéré…
Alors que les réponses à son invitation arrivent, chacune pleine de requêtes culinaires spécifiques, notre cher monstre s’empresse de vouloir engraisser, saler, encrasser, refroidir le « petit-dîner », mais ce dernier, malin, oppose à chaque tentative une alternative plus agréable pour un résultat similaire (s’empiffrer de gâteau au chocolat plutôt que de pâté moisi pour grossir, se baigner dans la mer pour être correctement assaisonner, jouer dans la neige pour faire baisser la température…).
Au bout de cette journée étonnante et merveilleuse, le monstre se rend compte que son petit-dîner n’a plus du tout l’air d’un repas et que lui n’a plus vraiment l’air d’un monstre… Inspiré par cette nouvelle amitié et ses joyeuses découvertes, le cher monstre va alors concocter un banquet fort coloré, au goût de chacun et chacune, qu’ils goûteront tous ensemble. Après son tout feu tout flamme Cher dragon, Emma Yarlett revient nous régaler de ses joueuses recettes de papier : lettres affreuses à ouvrir et lire en interprétant clairement la nature de leurs expéditeurs, dessins ronds et délicieux… vous trouverez même en prime la recette des doigts en chocolat si vous manquez de bûche glacée !
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La famille Vieillepierre : Arthur et la Corde d’or, de Joe Todd-Stanton
paru aux éditions Sarbacane en octobre 2019
conseillé à partir de 6 ans
Voici une histoire d’hommes et de dieux, au pays du feu et de la glace… Arthur, jeune islandais curieux et intrépide, va partir en quête du dieu Thor après que l’immense loup Fenrir ait éteint le grand feu du village, promettant alors froid et obscurité à ses habitants. Mais le voyage jusqu’à son domaine est long, ardue la construction de la corde pour piéger Fenrir, et éminemment dangereuse la traque d’un tel molosse… Heureusement, notre jeune héros aux faux-airs d’Harry Potter sait combiner la puissance de sa curiosité à ses astucieuses connaissances, tout en écoutant son coeur courageux ! Au bout de cette épopée initiatique, fort sera de constater que la présence d’un dieu n’est pas nécessaire à la résolution des soucis humains, et qu’elle n’est sûrement qu’une étoile de plus dans le ciel que contemple l’aventurier pour se guider…
Premier volet de ce qui s’annonce être une série consacrée aux membres audacieux de La Famille Vieillepierre, Arthur et la Corde d’Or oscille entre l’album et la bande-dessinée, s’emparant des codes de l’un pour mieux exploiter l’autre. Ce qui offre des pleines pages illustrées dans lesquelles il est impossible de ne pas s’engouffrer (la bibliothèque de Thor par exemple), un texte succinct qui ne se contente pourtant pas de légender les dessins, et une esthétique nordique à souhait qui rappelle le superbe univers d’Hilda (série publiée par Casterman), tout en bleu des fjords et rouge volcanique… Un bestiaire mythologique à souhait, des détails croqués généreusement à chaque page, une ambiance de légende contée au coin du feu, cet ouvrage saura réunir autour de lui plusieurs générations de lecteurs, le temps de découvrir le prochain personnage (en janvier prochain) de cet arbre généalogique fabuleux. On y retrouve également des thématiques chères à l’illustrateur Joe Todd-Stanton (notre rapport à la nature, les enfants-héros, l’importance des légendes…) qu’il a déjà développé à travers un autre merveilleux titre, Le Secret du Rocher noir. Des pépites pour les yeux et l’imaginaire !
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Les choix de L’Ivresse Littéraire
Le livre des métiers de l’imaginaire de Pierre Ducrozet, Julieta Cánepa et Eva Palomar
paru chez Actes Sud junior
conseillé à partir de 6 ans
Enfants et grands enfants seront envoûtés à la lecture de ce merveilleux album. Dans ce monde surréaliste où les métiers les plus doux sont à l’honneur. Des métiers imaginaires qui forment un arc-en-ciel de douceur.
Qui n’a jamais rêver de devenir équilibreur de cœur, chasseur de nuage, symphoniste de goutte de pluie, collectionneuse d’odeurs d’enfance ou encore devenir celui ou celle qui murmure à l’oreille des arbres ?
En observant les illustrations d’Eva Palomar qui sont une explosion de couleurs, en lisant les textes de Pierre Ducrozet et Julieta Cánepa emplis de messages essentiels, d’humanité, de tolérance, le lecteur, l’observateur, le raconteur sont projetés dans une bulle de poésie.
On ouvre grand les yeux et on se prend, en famille, un shoot de tendresse coloré.
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Les choix de GringoPimento
Petit Renard de Marije Tolman et Edward van de Vendel
Paru chez Albin Michel jeunesse, septembre 2019
conseillé à partir de 3 ans
Un rêve de Petit Renard, un petit renard qui rêve. Mais peut-être qu’il rêve qu’il rêve. On ne sait pas trop. Est-ce que cela a tant d’importance ?
Dans son rêve de rêve en tout cas, notre joli renard retourne en enfance. Il égrène ses souvenirs de bébé renard. Sa mère, son lait, ses frères, ses sœurs, son père un peu plus tard et son odeur. Les conseils des parents. Ne pas aller trop loin, faire attention aux humains. Petit Renard se souvient de ses expérimentations, de ce qu’il découvre de la nature :
C’est la nuit, il y a la lune !
Petit Renard ne l’a jamais vue.
Il ne sait pas encore que c’est le soleil qui dort.
Ce petit humain roux lui aussi, qu’il croise, qui ne fait pas peur, il est si petit. Le ballon rouge avec lequel il joue. Le bocal dans lequel il se coince la tête. Panique. Mais heureusement, le même petit humain, pas si dangereux, lui vient en aide.
Et puis il y a ces papillons violets après lesquels il court. Il chute. Pouf.
Petit Renard, c’est un album tout en douceur, empli d’une poésie douce et réconfortante, celle des rêves.
Des photographie de paysages, en noir et blanc, sur lesquelles les auteurs apposent des dessins en couleur. Un ensemble détonnant et emprunt de langueur. Certaines pages n’ont plus besoin de texte tellement elles sont belles et parlent d’elles-mêmes. Dans celles aux paysages photographiés, le petit renard dont les contours sont soulignés, apparaît comme en surimpression, en suspension. Si bien que l’on doute de la réalité de ce rêve.
Mais le petit humain, toujours le même, viendra à nouveau aider notre renard. Le ramenant à la réalité de sa vie d’animal sauvage. Petit Renard est un album onirique qui rassemble les souvenirs d’un jeune animal sauvage, bons et mauvais mais qui terminent toujours bien.
Le mélange des photographies en noir et blanc et des dessins de couleurs vives offre de très beaux passages, émouvants et drôles.
Une totale réussite et un livre à offrir obligatoirement autour de vous !
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Le bon côté du mur de Jon Agee
paru chez Gallimard jeunesse, mai 2019
conseillé à partir de 3 ans
Les première et quatrième de couverture donnent le ton de ce magnifique album. Un mur gigantesque, une sorte d’ogre plutôt inquiétant et un petit garçon chevalier suivi par son ami le canard.
Quand vous ouvrez la première page, vous voyez, au milieu, pile à la pliure du livre, un mur de brique, rouge, celui de la couverture. Le titre original nous renseigne : The wall in the middle of the book. La traduction française en Le bon côté du mur laisse à penser qu’un des deux côtés pose problème. Mais lequel ? C’est tout l’enjeu de l’histoire.
À gauche, le chevalier. À droite des animaux sauvages.
À gauche également, le texte de Jon Agee qui confirme assez vite que ce côté est le bon.
Mais petit à petit, des indices passant par le dessin commencent à démentir l’auteur.
D’abord, les animaux de droite, le tigre, le gorille et le rhinocéros ne semblent pas bien terribles ni terrifiants. Par exemple, ils fuient à la vue d’une petite souris ! Et surtout ils collaborent pour tenter de passer de l’autre côté du mur.
Et puis, du côté du chevalier, les choses se passent moins bien qu’au début. Un peu d’eau, encore plus d’eau, beaucoup d’eau et un animal moins accueillant fait son apparition.
Que va faire notre petit chevalier ?
Le bon côté du mur est un album de jeunesse particulièrement intéressant pour les enfants. Deux côtés bien marqués, une frontière à ne pas franchir, des animaux, un ogre. Et des préjugés ! Oui ! L’ogre est méchant, c’est sûr, il est du mauvais côté du mur. Il a un air mauvais. Il a une massue.
Et il y a le texte que propose Jon Agee. Texte quasiment constamment contredit par les images, ce qui interroge forcément les petits enfants qui lisent ou écoutent l’histoire. Le narrateur peut-il mentir ? Se tromper ?
C’est drôle et effrayant à la fois Le bon côté du mur. Que faut-il choisir ? Passer de l’autre côté et oublier notre préjugés, abattre les murs, aller à la rencontre de l’autre ? Oser ?
Voilà à peu près tout ce que nous propose Jon Agee ici.
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La balade de Koïshi de Cécile Hudrisier et Agnès Domergue,
Paru chez Grasset Jeunesse, février 2019
conseillé à partir de 3 ans
Les éditions Grasset Jeunesse m’apprennent que ce genre de livre s’appelle un livre-accordéon ou encore un Leporello. Des pages pliées qui se déplient sur plusieurs mètres et offrent ainsi une longue randonnée pour Koïshi qui va vivre de belles aventures tout au long de l’histoire et de quatre saisons.
Mais d’abord, qui est Koïshi ?
D’une rizière et du soleil levant,
Koïshi est né.
C’est un grain de riz ? Vivant ? Sorte de petit bonhomme vert qui avance le long du livre accordéon, tout au long d’un chemin qui ne s’arrête jamais.
La nature foisonnante lui fait des promesses, qu’elle tient parfois, telle la fleur qui promet un fruit et au contraire d’une autre fleur rouge qui si elle était pleine de promesses elle aussi, propose finalement des épines !
Ainsi Koïshi voyage dans les saisons et dans la vie. Il apprend.
Chaque saison possède son petit haïku, emprunt d’une poésie légère, douce et belle. Le temps qui passe.
Dans la poche de Koïshi
Un grain de riz
Quelques giboulées
Et la rosée du printemps
La nature, la pluie, la grande ourse et la poésie accompagnent Koïshi.
À force de pluie, les arbres vont se rouiller …
Nous suivons le petit Koïshi avec émotion tout au long de son grand voyage, à travers des aquarelles aux couleurs sublimes. Des couleurs qui s’estompent au fur et à mesure que nous approchons de l’hiver :
Calmement, l’hiver a recouvert la terre.
Des couleurs plus sombres arrivent alors qui nous font craindre le pire :
Maintenant, Koïshi entend la terre chuchoter sous ses pas.
Se prépare-t-elle à l’accueillir ?
Mais, soyez rassurés, Koïshi a plus d’un tour dans son sac !
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Mon oiseau… de Christian Demilly et Marlène Astrié,
Paru chez Grasset Jeunesse, mars 2019
conseillé à partir de 3 ans
Déjà édité en 2014, Grasset Jeunesse propose une nouvelle édition de Mon oiseau… de Christian Demilly pour le texte et Marlène Astrié pour les dessins. Il s’agit d’un très bel album de littérature de jeunesse, aux dessins et aux couleurs doux. Au texte emprunt de philosophie, de liberté, sur le thème éternel de l’amitié.
Chaque page fait passer un message et pousse à la réflexion.
Mon oiseau ne se demande pas pourquoi il mange, pourquoi il vole, pourquoi il chante : il mange, il vole et il chante.
Le petit oiseau tout noir, sorte de héros de l’histoire a été recueilli par le narrateur. Il était blessé.
Il était tout petit alors, et son cœur dans ma main palpitait : c’était vivre.
Naît alors une amitié. Parfois à sens unique, souvent dans les deux sens. Une amitié qui accepte la séparation, une amitié qui compte pour l’un et pour l’autre, une amitié qui grandit à deux.
L’on pourrait penser le message un peu naïf mais les mots de Christian Demilly le rend universel de par sa poésie et sa tendresse; il est sublimé par des dessins tout en simplicité mais dont les couleurs chatoyantes et automnales incitent à la rêverie.
Un conte, en apparence tout simple, une histoire d’amitié, de liberté et d’appartenance qui serre le cœur.
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La suite de nos conseils de cadeaux de Noël littéraires la semaine prochaine !