Nouvelle livraison pour les Editions Sonatine avec le dernier roman de Daniel Friedman, qui avait déjà publié, il y a peu, Ne deviens jamais vieux.
On retrouve logiquement le même héros dans ce Ne deviens jamais pauvre ! Titre américain Don’t ever look back. On a encore une fois un peu de mal avec la transcription, d’autant plus que le rapport avec la richesse ou la pauvreté semble très loin de la réalité de l’écrivain.
Ne nous arrêtons pas sur ce détail car Daniel Friedman propose un bon polar.
Son héros atypique aide bien en cela mais, en soi, ça ne serait pas suffisant.
Vieux détective, 88 ans et dans une maison de retraite, Buck Schatz se remet à peine d’une blessure par balle dans le dos et de se découvrir vieux, croulant, à peine capable de marcher quand il reçoit la visite d’un homme de son passé : Elie, cambrioleur mythique, à qui il a eu maille à partir dans le milieu des années 60.
Ennemis un jour, ennemis toujours ?
Pas vraiment.
Elie vient demander l’aide de Buck. Celui-ci, après quelques hésitations et descriptions hilarantes de son état physique (imaginez le pauvre vieux se trimballant en déambulateur, obligé de faire un détour par sa chambre pour poser un pistolet, interdit par un de ses amis policier, grondé par sa femme qui lui reproche de continuer ses affaires, Buck obligé de fuir, en déambulateur…) finit par accepter.
L’aventure commence. Celle de 2009 car parallèlement, Daniel Friedman nous conte aussi les démêlés des deux héros en 1965. Digressions très drôles sur le fait d’être juif, sur la bar-mitsva préparée pour le fils de Buck, intervention du rabbin, légendes d’Elie, rescapé des camps de concentration et pour qui maintenant tout est permis.
L’auteur nous ballade d’un temps à un autre, saute du coq à l’âne mais sans jamais perdre son lecteur (pour cela l’utilisation de « petits » chapitres est bien vu).
De rebondissements en rebondissements, on assiste à deux enquêtes, à 45 ans d’intervalle, sur Elie. Braquage de banque, braquage de truands d’aujourd’hui… finalement Elie est aussi un héros de l’histoire, mais un héros en négatif, l’inverse de Buck. L’un ne se préoccupe que de justice, l’autre que de vivre à travers ses arnaques et ses coups montés, une vengeance dit-il contre ce qu’il a vécu plus jeune : les camps. La façon dont il a d’ailleurs survécu est à l’image du personnage. Lui seul compte. Il était prêt à tout pour survivre. Il est prêt à tout pour continuer.
Le livre se termine sur un ultime contre pied montrant une nouvelle facette des personnages et nuançant le propos.
On peut attendre une nouvelle aventure de Buck Schatz pour bientôt.
Daniel Friedman, Ne deviens jamais pauvre! traduit de l’américain par Charles Recoursé, Editions Sonatine, février 2015