[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]es Editions du Cherche Midi nous proposent le nouveau roman d’Emmanuelle Pirotte comme une dystopie. Nouveau mot à la mode, un peu fourre-tout, il remplace — et pas forcément avantageusement — l’anticipation.
Pour ma part, vous l’avez compris, je classerai De profundis dans l’anticipation.
Il n’est pas question ici d’une nouvelle société ou d’une quelconque tyrannie mais de l’effondrement de cette société à cause du virus Ebola III.
Nous sommes à Bruxelles et Roxanne survit en vendant des médicaments.
La première partie du roman nous décrit une Bruxelles en feu, jonchée de morts ou de mourants, gangrenée par la violence pour continuer à vivre un peu.
Roxanne se voit soudainement affublée d’une petite fille, sa fille, Stella, qu’elle a abandonnée à la naissance, la laissant à son mari. Or, celui-ci, mourant, a souhaité lui confier l’enfant. Voilà la sauvage Roxanne avec une charge d’âme. Et une âme peu commune. Stella a environ 8 ans mais parle très peu, s’exprime principalement par gestes ou en dansant.
C’est par le biais de la relation entre ces deux êtres que le roman d’Emmanuelle Pirotte change de ton. Une agression dans leur appartement, une décision de partir quoi qu’il en coûte dans la maison de son enfance.
Ebola III disparaît, il n’est plus présent à la campagne, épargnée.
D’ailleurs ce passage à la campagne marque également la fin de l’anticipation. Pirotte passe dans un roman plus classique.
Roxanne commence à revivre, Stella s’adapte. Les villageois adoptent la petite facilement.
Deuxième partie du roman : une présence fantôme dans cette maison dont Pirotte nous décrit les sentiments et une partie de la vie. Cette présence, Roxanne la sent, tout autour d’elle et parfois tout près d’elle. Elle l’adopte, en fait son ami.
Pirotte nous propose de très belles pages sur cet amour impossible, qui finalement révèlera Roxanne à elle-même et en fera une vraie mère pour Stella.
De profundis d’Emmanuelle Pirotte, Editions du Cherche Midi, août 2016