[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#733D85″]Q[/mks_dropcap]u’on ne s’y trompe pas ! La palette de couleurs des 248 pages de cet ouvrage, tout autant que son dessin expressif et limpide, ne sauraient masquer la réalité du propos : victimes de l’effondrement de notre civilisation et du gaspillage de notre énergie, nous allons tous mourir… à moins qu’au détour d’une découverte ou d’une prise de conscience salutaire, le monde ne réussisse à se sauver de ses hésitations et contradictions ! Bienvenue dans l’univers intergalactique mais aussi très actuel de Robin Cousin et de sa BD : « Des milliards de miroirs », éditée chez FLBLB.
Publié en 2017, « Le profil de Jean Melville » avait été salué par la critique. Gageons que ce nouvel opus de Robin Cousin qui, lorsqu’il était enfant, bidouillait des robots à partir d’allumettes et de voitures téléguidées, lui offrira d’accrocher une nouvelle médaille à son tableau de chasse de la BD dite « d’anticipation ».
En effet, l’album se lit d’une traite, tant le scénario est fluide bien que parfois glaçant. Plongés dans un futur proche où le réchauffement de la terre a depuis longtemps rattrapé tous les climato-sceptiques, plusieurs personnages s’écharpent ou font cause commune pour préserver une once d’espoir en un avenir meilleur.
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Ainsi donc, l’astrophysicienne Cécilia Bressler vient de découvrir une planète située à 45 années-lumière et présentant des lueurs semblables à celles de nos villes. Partageant ses recherches exclusives sur Gamma Céphée avec son mari Simon, conservateur au centre zoologique, elle s’oppose à Benjamin, journaliste convaincu de sa perte et de celle de ses semblables. Heureusement (ou pas) que le vieil Antimaadmi, à la tête d’une secte qui tente de comprendre le langage des Céphéens grâce à un super radiotélescope, se bat pour la survie de l’humanité !
Colonisation de planètes, biodiversité, peur de l’autre, production industrielle d’insectes comme nouvelle base de nourriture, jeu politique et rivalités entre chercheurs… « Des milliards de miroirs » se révèle être un passionnant concentré de la vie sur Terre mais aussi et surtout de lendemains qui pourraient ne plus chanter. Pour contrer l’inéluctable, heureusement que certains arrivent à faire preuve de résilience ou accéder au plaisir simple de déguster… une crêpe chèvre-épinard.
Car après tout, quel intérêt y aurait-il à vivre si tout est foutu ? C’est ce dont finit par se convaincre la directrice des affaires spatiales de l’ONU, autrement connue comme étant l’ambassadrice des êtres humains. Alors oui, c’est décidé, elle continuera à scruter l’espace ! Et voilà aussi pourquoi Benjamin, le journaliste fataliste, se dit que le décryptage de signaux pourrait devenir sa passion favorite. Car en attendant la fin du monde, il a tout de même avec lui deux petites filles dont il doit s’occuper !
Autant de situations amusantes et, en même temps, tout à fait sérieuses, inspirées à Robin Cousin par sa rencontre avec Antoine Labeyrie, professeur émérite au Collège de France et membre de l’académie des sciences françaises. Notons que « Des milliards de miroirs » se nourrit aussi du travail de recherche et d’écriture de Pablo Servigne et Raphaël Stevens, co-auteurs des livres « Comment tout peut s’effondrer » (2015) et « Une autre fin du monde est possible » (2018).
Et vous alors, dans cet océan d’annonces teintées de catastrophismes mais aussi de quelques raisons d’espérer, que direz-vous à vos enfants qui vous demanderont ce que vous avez fait ?!