Paru en 2017 chez Agullo, Bagdad, la grande évasion ! (Folio 2019) avait amené un sacré grain de folie dans le paysage éditorial du moment. Illustre inconnu au moment des faits, son auteur, Saad Z. Hossain créait la surprise depuis la ville de Dacca, au Bangladesh, où il réside. On y trouvait un mélange explosif de roman d’aventures, de fantastique et de récit de guerre, le tout assaisonné d’une bonne dose d’humour souvent grinçant et absurde. De l’auteur, outre son origine, on saura seulement qu’il est journaliste au Daily Star. Trois ans plus tard arrive donc sur les tables des libraires le très attendu Djinn City qui, disons-le tout de suite, monte encore d’un cran dans le délire et la frénésie.
– Tu sais ce que je viens de comprendre ? lâcha Rais avec la lucidité du type complètement stone. Je ne suis pas fait pour ça.
– C’est bien vrai : t’es un capitaine lamentable, répondit Barabas. Enfin, t’arrêtes pas de te prendre des cadavres sur un fleuve d’un kilomètre et demi de large.
– Non, c’est pas ça.
– Ah, oui, et tu es minable comme émissaire. Enfin, le B.A.BA de tout émissaire, c’est de ne pas étaler cette djinnerie au tout-venant. Tu te balades dans ce sous-marin à la vue d’un paquet de villageois.
– Non, je te parle des gros trucs. Les méta-affaires.
– Ben, t’es encore pire pour les explications.
– Jouer le héros et tout le bazar, fit Rais. Au fond, je ne suis qu’un flemmard pété de trouille.
Le jeune Indelbed découvre un beau (?) jour que son père, considéré comme le poivrot de la famille, est en fait un émissaire humain auprès des djinns, ces créatures mythiques invisibles aux yeux des hommes mais omniprésentes sur Terre. Piégé par l’un d’eux, le garçon se retrouve au cœur d’une querelle millénaire entre génies dont pourrait bien dépendre l’avenir de l’humanité.
On le voit, Saad Z. Hossain n’y va pas avec le dos de la cuillère et livre avec Djinn City un récit étourdissant au cours duquel le lecteur ébouriffé sera confronté, entre autres surprises, à des vaisseaux spatiaux, une cité engloutie, un dragon, un sous-marin russe et bon nombre de djinns dont on verra très vite qu’ils n’ont rien à envier aux humains au niveau du caractère. En effet, si ces derniers apparaissent souvent ici sous des traits peu flatteurs (paresseux, égoÏstes, fourbes, cupides), la caste des génies recèle également son lot de créatures grossières ou perfides, rusées, manipulatrices et très à cheval sur les règles ou la tradition, au point d’en devenir particulièrement procédurières, donnant ainsi lieu à des procès mémorables.
Nulle part ailleurs on n’a croisé un tel cocktail de SF, d’aventures façon Indiana Jones et d’humour aussi noir qu’absurde. Le romancier ne ménage ni ses personnages ni ses lecteurs et semble n’avoir jamais besoin de reprendre son souffle. Il déroule ici sur 560 pages les déboires d’Indelbed et de sa famille, multipliant les péripéties et les intervenants sans jamais perdre le fil de son récit. On pourra toutefois lui reprocher quelques longueurs, notamment quand il aborde le thème des manipulations génétiques ou détaille certains conflits entre djinns. Mais ne chipotons pas trop, Djinn City constitue assurément un des meilleurs remèdes à la mélancolie actuellement sur le marché, il serait dommage de s’en priver.
« Quelle est la chose que nous avons apprise en trois cents ans ? Ne pas forniquer avec les djinns. »
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Djinn City, de Saad Z. Hossain
traduit par Jean-François Le Ruyet
éditions Agullo, paru le 08/10/2020
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Image bandeau : Photo by Israel Sundseth on Unsplash