Après Lost And Found en 2018 puis Juillet en 2020, le groupe parisien En Attendant Ana nous revient avec un 3ème album intitulé Principia, toujours sur l’incontournable et indispensable label américain Trouble In Mind Records.
Comme précédemment, la composition du quintet a encore changé puisque Vincent Hiver, leur ingénieur du son reprend la basse en lieu et place d’Antoine Vaugelade et rejoint ainsi Margaux Bouchaudon, Maxence Tomasso, Adrien Pollin et Camille Fréchou, de plus en plus présente et importante avec, entre autres, son saxophone ou sa trompette.
Le groupe a composé, enregistré et mixé lui-même les 10 nouvelles chansons de ce Principia au Studio Claudio en prenant bien soin, plus qu’à l’accoutumée, de laisser de l’espace pour chaque instrument, permettant ainsi à chaque musicien de démontrer son talent et rendant le disque plus léger et plus clair que leurs premiers efforts.
Les nouvelles compositions d’En Attendant Ana explorent le monde qui nous entoure, un monde de plus en plus incertain et fou (Black Morning), qui interpelle et pose la question de savoir ce qu’on fait là, surtout quand est une femme artiste (Ada, Mary, Diane) ou soumise à des violences domestiques (The Cut Off) noyée entre surconsommation (To The Crush) et égoïsme (Same Old Story). De telles histoires se traduisent par des chansons plus posées et plus déliées que sur leur disques précédents.
Elles sont magnifiquement chantées par Margaux Bouchaudon, de sa voix mélancolique et pourtant lumineuse, c’est elle qui mène la barque sur ce renversant Principia, magnifiquement soutenue par Camille Prechoux, alors que les 3 gars redoublent d’effort, en toute simplicité pour mettre tout ça en rythme, avec souplesse et précision.
C’est particulièrement vrai sur les trois morceaux les plus lents du disque, les très beaux To The Crush, Fools & Kings, qu’on pourrait croire sortir du catalogue de Sarah Records et The Fears, The Urge, qui conclut merveilleusement bien le disque avec ses cuivres élégants et sa superbe ascension rythmique, quelques notes de guitares, quelques sons de trompette venant s’échouer de la plus belle des manières.
S’il y a en effet quelque chose qui ne change pas chez En Attendant Ana, c’est ce sens de la mélodie qui accroche immédiatement l’oreille et donne envie de sauter de bonheur au plafond, à l’instar de la bien nommée Wonder, merveille des merveilles de l’album..
Le plus long titre d’un disque relativement court éblouit tout simplement avec sa douce montée, cette guitare discrète et cette voix d’ange, avant de partir dans une toute autre direction, dès lors que la rythmique se met en tête de transformer le morceau en bombe extatique et enivrante . C’est le genre de morceau qu’on voudrait qu’il ne finisse jamais et qu’on attend avec une impatience de gamin devant le sapin de Noël en version live !
Principia s’ouvre avec le morceau titre et fait le lien avec Juillet, tant dans sa rythmique que dans le jeu de guitares de l’excellent Maxence Tomasso, avant qu’Ada, Mary, Diane fasse la part belle aux harmonies vocales et à un délicat saxophone. En Attendant Ana insuffle ainsi une touche krautrock à leur imparable indie pop, un peu moins garage qu’auparavant
On pense ainsi beaucoup à Electrelane sur le sautillant Black Morning ou bien encore à Stereolab, sur l’inventif et multi directionnel Same Old Story ou le flamboyant The Cut Off, à la fois bourré de trouvailles sonores et d’une incroyable simplicité. Anita confirme ce parfait équilibre de douceur et de fraicheur, donnant aussi bien envie de danser comme un cabri que de faire le plus tendre des câlins.
En Attendant Ana franchit un nouveau palier et nous offre royalement sa plus belle galette avec ce Principia de très haut rang !
En Attendant Ana · Principia
Trouble In Mind Records – 24 février 2023