Lorsqu’on évoque Pier Paolo Pasolini, né le 5 mars 1922 à Bologne, on songe aux polémiques et scandales liés à sa vie et à son œuvre, et à sa mort tragique et mystérieuse, en 1975.
« Révolté, tourmenté, écorché. Sûr de lui et doutant de tout. Insaisissable ». Homme aux multiples facettes, cet écrivain, poète, journaliste, scénariste et réalisateur italien se démarque par une œuvre artistique et intellectuelle éclectique et politiquement engagée, souvent radicale par les idées qu’elle exprime. Esprit libre, il observe en profondeur les transformations de la société italienne de l’après-guerre. Il suscite souvent de fortes controverses et marque les esprits, n’hésitant pas à évoquer son homosexualité et les tourments du désir à une époque où il déclarera lui-même : un homosexuel, aujourd’hui en Italie, on le fait chanter, sa vie est en danger toutes les nuits.
En 1955, le roman Les Ragazzi, qui évoque la prostitution masculine, est accusé d’obscénité et les critiques se déchaînent. Il lui vaut un procès pour pornographie mais il sera finalement acquitté. Une Vie Violente, paru en 1959, connaîtra le même sort, mais l’affaire sera classée sans suite.
En tant qu’écrivain et penseur, Pasolini a développé un point de vue public sur la société italienne dans laquelle il vivait et qu’il voyait évoluer. Il se montre très critique envers la bourgeoisie et la société consumériste italienne alors émergente et prend aussi très tôt ses distances avec l’esprit contestataire de 1968.
Collaborateur des plus grands cinéastes tels Bolognini et Fellini, il construit lui-même une œuvre très personnelle, dérangeante, incroyablement moderne et sulfureuse en son temps. On se souvient bien entendu de son dernier film, Salò ou les 120 Journées de Sodome, sorti en salles l’année de sa mort. Avec plus de quatorze prix et neuf nominations, l’art cinématographique de Pier Paolo Pasolini s’impose, avec notamment le très beau Mamma Roma (1962) avec Anna Magnani, L’Évangile selon saint Matthieu (1964), Porcherie (1969), puis avec Les Contes de Canterbury en 1974.
Il est assassiné dans la nuit du 1 au 2 novembre 1975, sur la plage d’Ostie, près de Rome. Cette mort tragique, à ce jour non-élucidée et décrite comme un crime crapuleux lié à la prostitution masculine, est considérée par certains comme une exécution politique.
« Sa fin a été à la fois similaire à son œuvre et très différente de lui. Similaire parce qu’il avait déjà décrit, dans ses œuvres, les manières crasseuses et atroces, et différente parce qu’il n’était pas l’un de ses personnages mais une figure centrale de notre culture, un poète qui avait marqué une époque, un réalisateur brillant, un essayiste inépuisable. » Alberto Moravia