[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#800080″]C[/mks_dropcap]omme toutes les histoires (ré)écrites par les hommes, l’histoire littéraire a eu tendance à oublier le rôle des femmes et à les reléguer au rang de muse ou d’épouse.
L’ombre écrasante d’Hugo et de ses pairs n’a heureusement pas suffi à ensevelir Marceline Desbordes-Valmore, poétesse autodidacte et pionnière de l’hendécasyllabe (vers de onze pieds), sous le poids de la postérité des éminentes figures littéraires masculines du XIXème siècle.
Plus encore, c’est parce qu’ils l’ont reconnue eux, que nous la connaissons, nous.
On peut regretter toutefois que la plupart de ses homologues masculins, comme Baudelaire, aient assigné sa poésie au sexe de son auteur : ainsi, si Baudelaire la reconnaît, c’est parce que, selon lui, elle ne pastiche pas les accents masculins et que « son chant garde toujours l’accent délicieux de la femme ». Marceline Desbordes-Valmore, écrit-il encore, c’est « l’éternel féminin ». Reconnaissance à-demi mais reconnaissance malgré tout ; une façon, peut-être, de ne pas mettre en danger son propre territoire littéraire, de surcroît par une femme.
Si l’amour était son sujet de prédilection, Marceline Desbordes-Valmore a aussi fait de la politique un sujet poétique. Ce ne sont néanmoins pas ces textes qui ont parlé au cœur d’artistes des siècles suivants mais bien ceux de la poétesse romantique. Ainsi, quelques-uns de ses poèmes ont été mis en musique par des artistes d’horizons aussi divers que Julien Clerc, Auguste Descarries ou Pascal Obispo.