Quand François Truffaut réalise La Nuit Américaine, il n’est plus exactement un jeune cinéaste.
En 1973, la Nouvelle Vague dont il est, avec d’autres, à l’origine, est déjà un peu loin, et François Truffaut est devenu une « valeur sûre »…
Mais son amour pour le cinéma, tous les cinémas, ne faiblit pas, et La Nuit Américaine en sera sa plus belle déclaration d’amour.
Le film retrace l’histoire d’un tournage, des personnes qui composent son équipe, des rapports entre les techniciens, artistes, qui vivent, le temps d’un été, comme dans une bulle.
Truffaut s’amuse à nous révéler les trucages, comme la fausse neige faite de mousse, un balcon de carton-pâte sur lequel les acteurs montent grâce à une échelle, ou encore la fameuse nuit américaine qui consiste à tourner en plein jour des scènes nocturnes grâce à un filtre bleu sur l’optique de la caméra…
Mais il ne résiste pas non plus à inventer des personnages drôles ou touchants, le plus marquant étant bien sûr celui incarné par Jean-Pierre Léaud, en comédien torturé et lunatique avec qui le réalisateur (interprété par Truffaut lui-même) doit composer pour mener à bien son tournage.
Dans ce film, Truffaut rend hommage à un cinéma qui n’existe plus (de son propre aveu) : un cinéma de studio, avec de lourdes machineries, de nombreux techniciens… celui que, paradoxalement, il dénonçait presque vingt ans plus tôt dans les Cahiers du Cinéma…
La Nuit Américaine se regarde comme une parenthèse enchantée, d’un film dans le film, d’un tournage idéalisé, par un réalisateur toujours amoureux du cinéma et des acteurs.