[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]lors qu’on le croyait définitivement tombé pour la France, figure artistiquement finie et ange déchu de l’underground rock national, c’est après dix ans de quasi-silence discographique que l’écorché Daniel Darc revient en ce début de l’année 2004, avec l’inespéré Crèvecoeur, produit et réalisé par le compositeur et arrangeur Frédéric Lo, qui fournit à l’écriture fracassée et désenchantée du chanteur un sublime écrin pop-rock envoûtant et inventif.
Si le parcours du bonhomme avait été jusqu’alors fondamentalement erratique, que ce soit à l’aube des années 80 avec son groupe Taxi Girl (le tube Cherchez Le Garçon, c’était eux) ou en solo par la suite, ce disque au succès critique et public phénoménal consacrera enfin l’un des auteurs les plus singuliers et attachants de son temps, et lui vaudra même, ironie suprême, une Victoire de la Musique dans la catégorie « album révélation de l’année ».
Ce galvanisant retour au premier plan lui ouvrira des opportunités de collaborations inattendues et la reconnaissance de ses pairs, puis donnera lieu les années suivantes à d’autres albums tout aussi recommandables, du plus dur Amours Suprêmes au très spirituel La Taille De Mon Âme. Malheureusement, Daniel Darc s’éteindra le 28 février 2013 à Paris, à l’âge de 53 ans et encore bien des projets en tête.
Gageons qu’il ait pu atteindre un paradis qui n’ait rien d’artificiel, après une existence partagée entre intégrité morale et addictions diverses, qui se sera soldée par une dizaine d’années d’exposition en pleine lumière, celle qu’il aura méritée toute sa vie tout en la fuyant au maximum.
Il laisse derrière lui une oeuvre certes inachevée, conclue par l’inégal et posthume Chapelle Sixteen, mais fidèle à lui-même : fragile, intense et essentielle.