© Christian Chauvet / Service Photo – Université de Nantes
A la lecture du programme du FUN festival le court résumé d’Arlette m’avait inspiré. « Seule en scène, Arlette, nous livre son destin tragique, celui d’une femme abandonnée tout au long de sa vie, dès sa naissance par ses parents, sa famille d’accueil, les hommes, la société elle-même qui l’a finalement séparée de ses enfants ».
En effet, seule sur scène, la comédienne chantonne les doigts dans une bassine en zinc remplie d’eau, au milieu d’un scénographie simple mais porteuse, des draps blancs qui sèchent. Le récit débute, calme, le rappel par une projection d’images en super 8 d’une triste enfance dans le Jura. La comédienne va faire monter l’angoisse, les questionnements du personnage, tourner, jeter la bassine… L’accent est mis sur la séparation d’avec ses deux enfants, suite à des abandons des géniteurs, pour cause de « mauvais développement psychomoteur ».
C’est la société qui juge, qui broie la vie de cette femme, à peine entamée, vouée à l’échec, foutue. Le personnage est troublant, la voix enfantine, l’attitude presque névrotique qui fait douter. Les moments drôles sont étranges.
Est-elle folle, a-t-elle été victime de n’avoir pas pu dépasser ses traumatismes ? La comédienne est impressionnante, face au public, proche, les larmes aux yeux, à raconter l’inévitable infanticide qui survient. Le monologue se termine par la comédienne, de dos au public qui ouvre l’armoire, sa merveilleuse armoire, assemblée de ses mains, malgré la notice en allemand, qui l’a occupé, lui a permis de ne pas sombrer. Y sont entassées des poupées fantomatiques devant laquelle elle retrouve le premier chant, qui la ramène au calme, pendant que le public s’éclipse.
© Christian Chauvet / Service Photo – Université de Nantes
Cette pièce étant courte, j’en ai profité à la sortie pour assister à un atelier de prise de parole Mange tes oreilles et pousse la porte. Les prestations sont des premières et c’est palpable mais certaines réellement touchantes. Léa et l’histoire de son père apiculteur, la seule histoire écrite par l’un des membres de l’atelier, lui a permis de se l’approprier et de totalement porter et investir sa parole. Certains moments sont drôles, le couple dont la fille joue au marionnettiste avec son partenaire, celle du cours d’aboiement. Le dernier jeune homme à passer propose une histoire totalement délirante et drôle pour laquelle il joue également de son corps. Chacun aura eu son moment, plus ou moins douloureux pour un passage en public, mais je ne peux qu’être attendrie face à ceux qui osent. Oser faire entendre son histoire, chapeau !