Talitres
11 octobre 2024
Né d’une première rencontre en 2015 à l’occasion du Performing Arts Forum, quelque part en Picardie, à Saint Erme, plus précisément, GRIVE, d’ailleurs symbole de cette ville, est la collaboration entre deux des plus passionnants artistes français de ces dernières années, à savoir Agnès Gayraud et Paul Régimbeau qui régulièrement interviennent sur les productions de l’une et l’autre.
La Féline, qui chante ici divinement bien en anglais, et Mondkopf, qu’on retrouvera fin octobre avec Frédéric D. Oberland (Oiseaux-Tempête) et Romain Barbot (Saåad) au sein de Foudre ! pour le très attendu Voltæ (Chthulucene) nous proposent ainsi un premier long format intitulé Tales Of Uncertainty, qu’on vous conseille très, très fortement.
GRIVE avait sorti en 2021 une première K7 4 titres comprenant en particulier, l’excellent Burger Shack qu’on retrouve d’ailleurs sur l’album. Ce Tales Of Uncertainty, enregistré en condition live (au studio Mer Noir à Paris et chez Mélodium à Montreuil) et bénéficiant de la participation de Jean-Michel Pirès, le génial batteur de The Married Monk ou de Bruit Noir et de la claviériste Léa Moreau (Dismaze)marque vraiment l’envol de GRIVE pour un voyage aussi incertain que superbe.
Ce voyage en très haute altitude aurait des allures de machines à remonter le temps, tant les 8 compositions de GRIVE semblent prendre racine dans les 90’s entre shoegaze, post-rock et slowcore. Pourtant, on oublie très vite le jeu des étiquettes, la musique de GRIVE s’épanouit dans un monde parallèle, entre rêve et réalité, s’appuyant tout aussi bien sur les riffs des guitares que sur le son organique d’un synthétiseur analogique.
Le splendide Hotel Room nous accueille de la plus belle des manières, drone envoutant, voix aussi angélique que mystérieuse. La tension monte avec Wait & See, éloge de la lenteur et de la noirceur sublimé par une rythmique implacable et des guitares tranchantes comme une épée plongée dans l’acide.
Burger Shack et How Many Years s’enchainent, se confrontent et se complètent, comme si l’on glissait de l’univers des frères Dardenne vers le cerveau embrumé de David Lynch. Les paroles d’Agnès confirment ce sentiment étrange, comme si elle contemplait son environnement avec un léger décalage, le splendide The Darkest Woman On Earth en est une parfaite démonstration.
GRIVE nous offre un voyage éblouissant, par dessus les rivières (Go Up the River) et les montagnes (Quicksand), la tête dans les nuages, balloté dans tous les sens (The Loop) juste pour le plaisir de se laisser portes par le magnifique travail de La Féline et de Mondkopf. C’est certain, Tales Of Uncertainty est un grand disque !