Hideo Yamamoto, auteur du très étrange et très apprécié « Homunculus« , revient avec l’histoire d’un lycéen victime de harcèlement scolaire dans « Hikari-Man » (Delcourt-Tonkam). Particularité : celui-ci est habité par de l’électricité statique ! Ce pouvoir va lui permettre de voyager dans tous les réseaux, tel le flux sanguin, et de réserver aussi quelques surprises à ses ennemis.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#DD5D5C »]L[/mks_dropcap]a couverture et les premières pages gris métallisé attirent l’œil et sont agréables au toucher. Belle entrée en matière, d’autant qu’on y découvre aussi des dizaines de stries de couleur orange fluo représentant des vaisseaux sanguins. Tableau aussi étonnant que graphiquement saisissant.
La suite est tout aussi intéressante. De nombreux détails sont présents pour représenter la ville et tous les réseaux électriques. Ainsi, des pages entières sont consacrées à l’illustration de ces câbles inter-connectés qui s’enchevêtrent. Nous les suivons avec fascination car ils sont le fil conducteur de l’histoire, au sens propre comme au sens figuré.
Le dessin est par ailleurs très réaliste. On retrouve dans le physique des personnages quelques-uns des codes du manga : de beaux visages juvéniles et séducteurs. C’est parfois ambivalent. On ne sait pas trop, par exemple, si la jolie infirmière auprès de qui Hikari trouve refuge est susceptible d’entretenir avec lui une relation, alors même qu’elle pourrait aussi jouer le rôle de sa mère de substitution, la propre mère d’Hikari étant souvent absente…
Côte scénario et psychologie des personnages, le manga va crescendo. Au début, en effet, Hikari est présenté comme un jeune garçon ringard et naïf. Il passe sa vie entre le lycée, les jeux vidéo et la transformation d’ordinateurs en bête de course. Mais voilà qu’un jour, à la suite d’une chute, un arc électrique traverse tout son corps.
La conscience et le flux sanguin d’Hikari sont alors aspirés dans tout les systèmes électriques, lui permettant d’une part, de copier les caractéristiques des personnages de jeux vidéo, d’autre part de voyager à la vitesse d’un éclair, par exemple, dans le réseau d’alimentation d’un immeuble ou des satellites spatiaux ! Un pouvoir dont il va se se servir pour jouer les justiciers et lutter contre les humiliations subies. D’ordinaire gentil, effacé et affable, le jeune nerd va se forger un autre caractère…
Parfois un peu simpliste, le récit de Yamamoto n’en est toutefois – avec ce premier tome – qu’à ses balbutiements. Rappelons que le mangaka japonais est un habitué des séries au long cours : 10 volumes pour « Ichi the Killer » (édité en France par Tonkam, qui a fusionné depuis avec les éditions Delcourt) et 15 pour « Homunculus« .
Les bases de l’histoire étant désormais posées, le 2e tome paru le 22 août devrait transformer l’essai.
Hikari-Man – Hideo Yamamoto
Delcourt/Tonkam, mars 2018.