[dropcap]N[/dropcap]on, nous ne sommes pas en guerre. Il suffit d’aller lire des récits de guerre pour comprendre que notre situation actuelle n’est pas celle d’une lutte contre un ennemi. J’ai donc pris dans ma bibliothèque ce livre que je voulais lire, n’ayant pas trouvé la force d’esprit de m’y plonger avant. Il s’agit du récit Hommage à la Catalogne de George Orwell. J’éprouve une grande fascination pour la guerre d’Espagne, j’ai lu et vu quelques documents de toutes sortes. Avant de le lire, je n’avais pas saisi ce qu’il pouvait m’apporter de plus. Pourtant, il a enrichi ma culture sur le sujet et bien plus encore. L’écrivain anglais est parti en Espagne pour lutter contre le fascisme et pour la dignité humaine. Son témoignage reste essentiel encore aujourd’hui.
Nous avions fait partie d’une communauté où l’espoir était plus normal que l’indifférence et le scepticisme, où le mot « camarade » signifiait camaraderie et non, comme dans la plupart des pays, connivence pour faire des blagues. Nous avions respiré l’air de l’égalité. George Orwell
George Orwell raconte comment la guerre d’Espagne a échoué dans le drame du Franquisme. Bien qu’il n’ait pas encore conscience de cet échec, on voit très bien dans son récit ce qui amena la défaite des Républicains et des antifascistes. Il débute sur des considérations sur l’Espagne qu’il découvre. Ces agacements sur la nonchalance (comme remettre à « mañana ») ne font pas de ce livre un simple livre de ressenti personnel mais bien un récit autobiographique qui va venir éclairer une histoire complexe sur ce qui se passa en Catalogne entre 1936 et 1937.
L’écrivain britannique s’engage dans la guerre du côté des milices du POUM, parti communiste dissident de la ligne soviétique. Il part au front à Huesca et l’on voit alors ce qu’est véritablement la guerre, une attente insoutenable et des difficultés que je continue à mettre en opposition avec ce que nous vivons actuellement. Au début, George Orwell semble évoquer une guerre qui se fait malgré tout, malgré les lacunes et la discipline d’un idéal militaire inexistant. Mais ce qui va nous éclairer encore plus sur la guerre d’Espagne se trouve dans la suite des événements, quand il va retourner à Barcelone en mai 1937.
Durant ce mois, il se produisit des affrontements entre d’un côté la CNT (Confédération Nationale des Travailleurs) et le POUM (Parti Ouvrier d’Unification Marxiste), et d’un autre, les communistes et socialistes représentant les autorités légales de la seconde République en Catalogne. Ces heurts fratricides vont venir questionner George Orwell. Ils sont la preuve d’une différence fondamentale entre les mouvances politiques qui luttent contre l’armée de Franco. À partir de là, Hommage à la Catalogne devient une ressource importante sur l’histoire politique de la Guerre d’Espagne.
Ensuite, Orwell retourne sur le front pour y être finalement gravement blessé. Un ennemi lui tire dans le cou. Le récit minutieux de cette épreuve m’a marqué profondément. Être blessé à la guerre n’est pas la même chose qu’être malade d’un virus. Je ne viens pas ici remettre en cause la dangerosité de celui-ci. Mais la violence d’un tir que l’on reçoit, décrit avec beaucoup de détails par George Orwell, ne peut être souhaitable à qui que ce soit. Le Britannique est ensuite ballotté d’hôpital en hôpital pour finalement se retrouver à Barcelone lorsque le gouvernement rend illégal le POUM et arrête en masses ses membres et sympathisants.
On se rend compte là de l’énorme diffamation politique qu’a vécue le POUM, considéré comme un parti fasciste, faisant tout pour faire gagner Franco, selon les socialistes et communistes majoritaires. Au contraire, c’est bien la décision de le rendre illégal qui provoqua un trouble terrible chez les soldats du front. George Orwell raconte très bien son étonnement puis sa colère. Il est contraint de partir d’Espagne pour échapper à la prison. Cette colère se fait ressentir d’autant plus à la fin du livre et dans les appendices où il tient à mettre au clair cette période.
Hommage à la Catalogne est en grand livre, autant pour l’Histoire et la politique que pour la littérature. Ce que j’y ai lu a autant de valeur littéraire qu’un grand roman. On peut tout autant lire le témoignage de George Orwell comme une aventure autobiographique que le lire de manière plus politisée. Pour ma part, je l’ai lu avec en tête ces « Nous sommes en guerre » qui ont jalonné le discours du Président Macron. Cette littérature qui à son époque faisait état du monde, produit maintenant une réflexion sur le cours de l’histoire. Lire Orwell maintenant, c’est dénicher le mensonge des discours où les mots s’appauvrissent.
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Hommage à la Catalogne de George Orwell
Traduit par Yvonne Davet
10/18, janvier 2000
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Image bandeau : lecreusois / pixabay