[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]S'[/mks_dropcap]il y a bien une chose qui rend addict c’est la série par essence. How To Get Away With Murder (Murder, en France)… dans le genre vous met les nerfs en pelote et vous rend accro en moins de temps qu’il ne le faut pour le dire.
Série créée par Peter Nowalk, avec un rôle complexe pour Viola Davis, en grande prêtresse du droit, Annalise, professeur de droit et avocate renommée à la tête de son propre cabinet. La saison 1 commence dans un amphithéâtre bondé d’étudiants, chaque année quelques élèves ont le privilège de travailler pour elle dans le cadre de leurs études. Un jour, plusieurs d’entre eux sont impliqués dans un meurtre.
Ce qu’il y a de génial avec cette série, c’est qu’elle ne cesse de surprendre. Au début on pense assister à une fiction sur le droit, un peu adolescente dans le ton ; puis peu à peu le propos de la série se fait mieux sentir, il s’agit plutôt de montrer comment fonctionnent aux Etats-Unis les rouages de la justice, et surtout comment les preuves peuvent être falsifiées, détournées, évincées, comment les témoins peuvent être influencés, et surtout comment celui qui a le plus d’argent s’en tire à bon compte. Ou pas. Pour Annalise une seule chose importe quand elle s’engage sur une affaire : gagner les procès. Et tous les coups sont permis. La Justice n’est que de la rhétorique. Mais peu à peu la façade se désagrège, elle se retrouve piégée à défendre becs et ongles ses protégés, face à la furie procédurière et harcelante du procureur Emily Sinclair.
Montage nerveux et hyper dynamique qui joue beaucoup avec des flashforward ou flashback en transition, le spectateur recolle les morceaux du puzzle, comme un avocat prépare son dossier pour la défense. Le ton est sec et tendu, il faut garder son souffle. Le pari réussi, c’est l’ensemble des personnages, très travaillés, très identifiés sans tomber dans le cliché, c’est beaucoup plus fin et subtil qu’il n’y paraît au premier regard. C’est véritablement prenant pour qui s’attache à eux, avec un regard tendre sur ses jeunes étudiants pris dans l’engrenage. Si le genre tient davantage au policier et lorgne même du côté du film noir, notamment avec la narration labyrinthique, je le vois surtout comme une sorte de récit initiatique pour entrer dans le monde de la Justice. Et entrer dans le monde des grands, où ces jeunes adultes désapprennent ce qu’ils ont appris petits, que mentir est parfois une nécessité.
La multiplication des points de vue permet justement d’être au plus près du ressentis des personnages, et renvoie la question : « qu’aurions-nous fait à leur place ? » au spectateur, l’amenant à se positionner. J’ai lu ici ou là que la série avait du mal à trouver son public et que les audiences étaient fluctuantes, c’est sûr nous n’avons, de fait, pas tous la même empathie au même endroit pour les personnages ; mais étant un fan assidu du genre, c’est largement au-dessus de plein d’autres séries actuelles. Et enfin surtout c’est une série qui renoue avec le climax à la fin des épisodes pour notre plus grand frustration et plaisir, impatients d’y retourner. On est addict très vite. Je plaide coupable votre Honneur.
Pour les retardataires la saison 1 a déjà été diffusée. La saison 2 est en cours. Pour l’instant nous en sommes à l’épisode 9 et comme aux Etats-Unis ils aiment bien faire un break en milieu de saison, la partie 2 est prévue début 2016, vous avez le temps de rattraper tout ça pendant l’hiver !