Cher Monopsone :
autant vous le dire sans ambages, vous êtes devenu mon pire cauchemar. Passant même devant un certain Jean-Louis M (personnage dont je tairais le nom, secret professionnel oblige) concernant les délais de chronique. Pas simple pourtant.
Je m’explique : ma taulière, jamais à court d’humour, me contacte 17 octobre dernier pour me demander de chroniquer le nouvel album de I love You But I’Ve Chosen Darkness : Dust. Moi, naïf, je lui réponds oui, sachant que celui-ci sort officiellement le 28 octobre prochain. Jusque là, rien de cauchemardesque me direz-vous. Sauf que, quand je lui demande pour quand je dois rendre ma copie, elle me répond, du tac au tac :
– Hier.
– Ok…t’as picolé…t’es drôle. Bon, je dois te la rendre quand la copie là ???
– Hier.
– Bon, les blagues les plus courtes sont les meilleures. Je te la rends quand ???
– Hier
– Je vois que la pipe à crack est fonctionnelle, que ton fournisseur s’est surpassé sur la qualité…
– Bon, écoute, sérieusement : tu me fais la chronique au plus vite, je prends la delorean et je te sors ça avant-hier, ça te va ??
Je me renseigne auprès de certaines autorités compétentes (comprendre personnes ayant proscrit les acides et autres substances psychoactives de leurs habitudes de vie) et découvre avec stupeur, effroi et stupéfaction que Monopsone a envoyé les pré-commandes à quasiment tous ses clients avec quinze jours d’avance sur la sortie officielle.
Bon ok, ILYBICD a attendu 8 ans pour sortir un nouvel album. Huit années pour nous à attendre vainement (croyait-on) une suite à l’impressionnante montée en puissance de The Ghost, à la basse et aux mélodies obsédantes d’ According To Plan ou au morceau de bravoure If It Was Me.
Alors quoi ??? une quinzaine de jours, c’est rien non ?
Je sais : vous êtes content d’avoir eu l’exclusivité de la sortie mondiale (avec Secretly Canadian pour les States) de Dust. C’est compréhensible et il y a de quoi en être fier. Mais bon dieu, quinze jours sur huit années c’est pas grand chose. Ok vous faites plaisir à vos clients, je le comprends aussi. Mais pensez aux chroniqueurs qui doivent se plier aux quatre veines pour écrire une chronique construite et d’une totale objectivité. PENSEZ-Y !!!!
Alors Monopsone, contrairement à vos clients, je ne vous remercie pas.
Pourtant, je pourrais le faire. Dust est plutôt un bon album, moins immédiat et accrocheur que Fear Is On Our Side mais solide. Huit années se sont écoulées entre les deux sans que quoi que ce soit n’ait changé. Le groupe a une identité, un son, une patte reconnaissable à la première écoute. Pour preuve Faust, excellente introduction qui reprend là où Fear s’arrêtait : sec, nerveux, d’une efficacité redoutable, servant de transition parfaite. Bien.
Mais alors d’où vient, à la fin de l’écoute de Dust cette petite pointe de déception ? Peut-être aurais-je aimé y retrouver ce sentiment d’urgence qui faisait tout le sel de Fear…, ce côté crâneur et sûr d’eux du groupe, offrant ses tripes sans être regardant. Peut-être aurais-je aimé également que le groupe radicalise un peu le propos, se tende, offre une vision plus noire, plus dure que ce Dust un peu le cul entre deux chaises. Certes les ambiances sont plus variées (l’urgence des débuts faisant place à une sorte de romantisme noir, de mélancolie), les influences post-punk/new wave toujours présentes (pour preuve le très Robert Smithien, période trilogie du début des 80’s, WAYSD), les gars savent torcher des mélodies (le très bon Come Undone entre autres), mais, au final, on se retrouve en terrain un peu trop connu, un peu trop balisé, de nouveau au début des années 80, quelque part entre Joy Division, les Chameleons et les Cure.
C’est, comme je l’ai écrit précédemment, très bien fait, solide et efficace mais, quelque part, je ne peux m’empêcher de penser qu’attendre huit années pour avoir « seulement » un bon album est quelque peu frustrant et un poil décevant.
Espérons maintenant que le groupe ne mette pas huit autres années à sortir son troisième album, parce qu’avec le recul il se pourrait que nous soyons un peu moins patients que pour Dust. En attendant, pour toutes les personnes qui ne l’ont pas encore reçu chez eux, l’album sera disponible chez tous les bons disquaires (au format vinyl et à peu d’exemplaires) et vous pourrez évidemment vous le procurez en cliquant sur Monopsone Shop.