[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]B[/mks_dropcap]rainstorming de mes petits bonheurs : une robe qui tourne, un bouquet de mimosa, une part de cake à l’orange, un Campari Spritz, un disque de Jeremy Messermith. Voici maintenant plusieurs années que le bonhomme m’accompagne avec bonheur et que je le pose sur la platine dès qu’un vilain nuage noir s’évertue à vouloir me squatter le haut du crâne.
En 2016, le chanteur et compositeur de Minneapolis, encore trop peu connu ici, travaille sur ce qui doit être déjà son sixième album, Late Stage Capitalism, mais l’élection de Donald Trump chamboule ses projets. Désireux de remonter le moral de ses fans et du pays, il met ce disque de côté et écrit un album exclusivement numérique, 11 Obscenely Optimistic Songs For Ukulele : A Micro-Folk Record For The 21st Century And Beyond, sur la pochette duquel Messersmith est représenté avec un ukulélé et quatre chatons, comme un joli pied de nez au climat délétère. Antalgique à effet immédiat, ses 11 chansons collent le sourire et vous donnent envie de continuer à croire que la vie est belle.
Revenu à son projet initial, Jeremy Messersmith finit par boucler et sortir Late Stage Capitalism le mois dernier. Des teintes pastel, un smiley peint en noir en contrepoint, un accoutrement à la Burton, la pochette donne d’emblée le ton du disque, un ensemble de titres pop aux influences sixties et ensoleillés mais aux mélodies vives et aigres-douces. Du vitriol glissé dans un lait-fraise. Jeremy Messersmith serait-il le neveu d’Amérique de Jacques Demy ?
Le premier titre dévoilé par l’artiste il y a quelques semaines et qui ouvre le disque se nomme Purple Hearts. Sous ses allures faussement joyeuses avec son orchestration pleine d’euphorie inspirée de Burt Bacharach, la chanson traite en réalité d’une réalité bien plus sombre qu’elle ne laisse paraitre, le fossé culturel qui peut séparer deux personnes, l’expression Purple Hearts faisant par ailleurs référence aux médaillés décernées par le Président américain aux soldats blessés ou morts au combat.
La triste Once You Get To Know Us est un constat désabusé sur notre humanité, Happy dénonce quant à elle le consumérisme avec une orchestration en clin d’œil aux Beach Boys.
Mais il est aussi question d’amour et de ses difficultés sur Late Stage Capitalism avec des titres comme Monday, You’re Not So Bad, Postmodern Girl, Fireflower ou Don’t Call It Love.
Après écoute, on peut constater que l’auteur a énormément élargi son répertoire depuis ses débuts et avec succès. Très proche sur son premier album, The Alcatraz Kid, de Elliott Smith, Jeremy Messersmith, 12 ans plus tard, ose ici un rock endiablé avec Jim Bakker ou une bossa-nova sensuelle avec Postmodern Girl, morceau particulièrement réussi avec ses claviers vintage, sa flûte et la demoiselle qui parle français. All The Cool Girls nous entrainent vers les rives pop élégantes d’un Jens Lekman ou Belle & Sebastian, avec en plus une touche mexicaine grâce à sa trompette. La folk y trouve également sa place avec Fireflower et la douce ballade Don’t Call It Love. Le compositeur maîtrise particulièrement bien ses influences et ne les ne cache pas, on fait le tour sur Late Stage Capitalism de ce qu’il y a eu de mieux en terme de musique américaine des années 60 et début 70.
Jeremy Messermith et son nouvel album Late Stage Capitalism ne changera pas le monde complexe qu’il chante mais il est certain qu’il le rend déjà plus beau au quotidien. Un album synonyme de printemps et qui donne envie de crier « Joy To The World ! », même en avril.
Late Stage Capitalism de Jeremy Messersmith – Disponible depuis le 9 mars chez Glassnote Records.
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