[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#52cc93″]E[/mks_dropcap]n vacances de I Am Kloot, le trop discret John Bramwell a sorti en fin d’année 2017 Leave Alone The Empty Spaces, son premier disque solo. Le moins que l’on puisse dire, c’est que comme à l’image de la douceur du disque, ces neuf chansons sont passées inaperçues au milieu du flot des sorties.
I Am Kloot, c’est un peu l’archétype du groupe toujours attachant qui n’a peut-être pas encore signé le chef d’œuvre que l’on sent en germe chez lui : cette Pop qui perpétue cette tradition d’un Folk Anglais. Car il faut bien le dire haut et fort, Le Folk anglais est une école musicale à lui seul, nul besoin de le comparer à son cousin américain. Il se suffit à lui-même. Bert Jansch ou Nick Drake n’ont rien à envier à Bob Dylan ou ses aînés dans l’histoire d’une musique populaire.
Toute la puissance de Leave Alone The Empty Spaces réside dans l’intemporalité des propos, dans ce minimalisme comme un simple appareil. John Bramwell habille le silence de quelques mots qui ressemblent plus à des suggestions susurrées. Il y a chez lui cette attirance pour des mélodies ouvertement Pop qui ne délaissent jamais la ruralité d’un Folk, ce que l’on entendait chez Mike Scott sur les premiers albums des Waterboys, This is the sea en tête.
Ce qui semble intéresser Bramwell au fur et à mesure de ce disque à la thymie perturbée, c’est cette capacité à être impalpable. D’une ouverture instrumentale et énigmatique (A Field Full Of Secrets) à un Gospel acoustique qui évoque le Lloyd Cole & The Commotions d’Easy Pieces (Who Is Anybody) ou encore à l’impression de se perdre dans une peinture maritime (Time’s Arrow), c’est à une autre écriture musicale que nous invite le leader de I Am Kloot.
Là où Leave Alone The Empty Spaces devient tout à fait passionnant et absolument bouleversant, c’est quand John Bramwell reste à l’os, occupe les minuscules espaces (Sat Beneath The Lightning Tree). C’est Jacques Brel, Léo Ferré, le Bowie d’Hunky Dory qui entrent en scène. Ils disent le désespoir et la misère, les envies de répit et les droits au doute. Il décrit les jours sans étoile, les cieux sombres sans nuage, les ondes sur le lac endormi. Qu’il soit dans le dénuement d’une ballade (The Whipperwill) ou dans la spontanéité d’une formule Pop (Leave Alone The Empty Spaces), John Bramwell brosse les traits d’un univers qui accepte le classicisme et qui paraîtra pour les plus empressés comme un petit peu fade. Car Leave Alone The Empty Spaces est un disque qui ne souffre pas votre inattention et qui exigera de vous un total investissement.
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Can you find a little space for the stars still unbelievable, the moon upon its pedestal sat up in the sky.
So let’s take a little walk, we have still the time before the money that you saved takes possession of your mind.
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Tout au long de cet album au climat ombrageux, on percevra un peu de ce que l’on aime chez James Yorkston, ces vignettes presque instrumentales et hautement atmosphériques (Wherever I Go, Wherever You Are).
Peut-être ce disque permettra-t-il à I Am Kloot de trouver la place que le groupe mérite et à son chanteur de se faire un nom dans nos oreilles. John Bramwell ou une certaine idée de la modestie élégante.
Leave Alone The Empty Spaces est à entendre comme un minuscule temps de répit à distance de la frénésie des jours qui se succèdent.
Sortie le 02 février 2018