Dire que Jonathan Coe était attendu au tournant relève de l’euphémisme. En tout cas pour ceux qui avaient vu son La vie très privée de M. Sim comme un demi ratage (la faute aux dernières pages, plombant le roman d’une façon rédhibitoire). D’autres y voyaient surement une demie réussite, voire plus. Passons.
Coe est revenu en janvier 2014 avec Expo 58. En cette année 1958 l’exposition universelle se tient en Belgique. Le héros Thomas Foley, jeune homme marié et père d’une toute petite fille, est chargé de veiller au bon déroulement des activités et expositions britanniques de l’événement.
Mais tout ceci n’est que prétexte comme on va rapidement s’en apercevoir au fil des pages.
Coe prend un malin plaisir à brouiller les pistes.
Marivaudage, espionnage, hommage aux Dupont de Tintin via deux grands pontes de l’espionnage anglais complètement largués et plutôt drôles, portrait de l’Angleterre de la fin des années 50, traditions et schémas de pensées encore sclérosés (difficile de ne pas y voir une résonance avec Bienvenu au club et ses tourments adolescents quand, dans Expo 58, il s’agira de tourments adultes).
Coe s’attache à ses personnages et nous avec. La crise de couple que traverse le héros, sa rencontre avec une jeune belge séduisante, une américaine encore plus séduisante, les Dupont du roman aussi et un journaliste russe. Tous se croisent et se mélangent allègrement.
La seconde partie du roman, plus portée sur l’espionnage (de pacotille semble-t-il) ne délaisse pourtant pas les « amours » de Thomas et ses doutes ainsi que les « amours » de sa femme.
Les dernières pages du roman sont très jolies et douces à lire, empruntes d’une nostalgie douce amère -sans oublier son lot de surprises- qui rappellent le bel auteur que peut être Coe et font en même temps oublier son M. Sim, agréablement remplacé par la Belgique, la belle Anneke et Thomas Foley.
Hâte de le lire