[mks_dropcap style= »letter » size= »83″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]T[/mks_dropcap]oujours aussi étonnant pour moi une œuvre fermée, hermétique aux sentiments.
Cette surprise hier soir devant Julieta d’Almodovar. Je m’attendais à retrouver La Piel que habito, une émotion dense et violente. Au contraire, une coquille vide. Très joliment peinte, certes, d’un geste expert. Maîtrisant les couleurs, les sons, les lumières et les enchaînements. Parlant de tragédie(s) sans jamais la ressentir. Aussi didactique que son héroïne, professeur de littérature ancienne.
Entre la forme et le contenu, il doit bien y avoir autre chose… qui donne à l’œuvre son intensité, ou l’en prive. Julieta, un film qui se veut émouvant sans transporter d’émotions.
Ça arrive chez les gens, aussi. Une personne hermétique, fermée. Qui ne se sentira d’ailleurs jamais concernée par cette proposition. Simple question de mesure, peut-être, ou de temporalité ? Julieta m’aurait-elle émue autrefois ?
Almodovar se défend. « En fait, je voulais que chacun des éléments classiques du langage cinématographique soit rempli de sens et d’affects. Tout ce que contient le plan est plein d’informations et de sentiments. Et même, ça déborde un peu ». Il bavarde avec les Cahiers. « L’émotion doit être absolument authentique. J’exige de moi-même une rigueur absolue quant à la vraisemblance »… peut-être un peu trop d’exigence, alors ?
« Le silence est très important dans le film. Il y a une sorte d’hermétisme, même ». Ah ! Voilà qu’on emploie les mêmes mots.
Après tout, il y en aura sans doute pour être touchés par Julieta.
Magnifique du reste, cette scène de sexe dans l’image reflétée de la vitre du train, qui file à travers la nuit froide et enneigée…
Suffit-il d’une seule image pour sauver tout un film ?