[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]S[/mks_dropcap]ouvenez vous les fabuleuses 80’s-90’s, et le non moins fabuleux label 4 AD avec les Pixies en figure de proue, mais aussi toute une pléthore de groupes encensés par les Inrocks. Parmi eux, les Throwing muses, menées par Kristin Hersh et Tanya Donnelly, balançant une excellente pop rock un peu bruitiste très bien maîtrisée. Le groupe se séparera en 1997, avant de revenir en 2003 dans une mouture différente. Dans le même temps, Kristin Hersh pratique l’aventure solo depuis Hips and makers en 1994, bel album mélancolique, qui contient un des plus beaux slows du monde, Your ghost, chanté avec Michael stipe de REM.
Depuis, elle n’a cessé de composer, que ce soit en solo ou avec son groupe et même si sa carrière s’est fait plus discrète chez nous, l’artiste reste très suivie chez elle aux Usa. Ses spectacles sont à la croisée du concert et du stand up, l’artiste n’hésitant pas à mêler sa vie à ses chansons, et à nous parler du couple, de l’amour, de la vie quoi!
Aujourd’hui, la chanteuse nous revient avec un nouvel album, son dixième déjà, et le charme est intact.
Le ton est donné dès le premier morceau, LAX, très électrique, traversé par cette guitare surgie des 90’s, appuyé par une rythmique implacable et des chœurs féminins. Oui, ce morceau sonne actuel et pourtant pourrait avoir été sorti en 1995.
No shade in shadow continue dans cette veine, avec cette voix si sensuelle au timbre si particulier qui nous fait chavirer. Ici tout est superbement produit, chaque instrument s’entend. Une merveille pop.
Halfway home commence tout doucement acoustiquement avant de se lancer dans de la réverb à tout va. A noter la très belle utilisation des chœurs féminins qui renforcent le chant de Kristin Hersh tout au long de cet album.
Le phrasé est clair et articulé, nous immergeant parfaitement dans les textes, certes à condition de parler la langue, mais c’est un bonheur quand c’est le cas. En plus, chaque chanson est une petite histoire en soi, une anecdote.
Lethe est un petit brûlot quasi punk avec sa basse frappée doublée par la rythmique acoustique. Kristin Hersh nous démontre qu’elle n’a rien perdu dans l’art de trousser de belles mélodies.
Loud mouth est un morceau noyé de larsen à la Sonic Youth, comme toujours mené par cette rythmique implacable, avec de redoutables vocaux bardés d’effets sonores, un véritable hymne bruitiste.
C’est très électrique tout ça, comme si elle voulait nous démontrer qu’elle en a encore sous le capot et qu’on peut encore compter sur elle pour en balancer et que l’âge n’a pas d’effets sur elle.
Il faudrait aussi parler des textes de Kristin Hersh, qui définit notamment le ton cet album comme sociopathe, et y développe le concept de Dark sunshine…
« Imagine truly buying your own sunshine and charm, but also your darkness and violence; the two sides of your psychology showing each other off in relief. Songs can do that…we can’t, really. Darkness we’ve seen. Dark sunshine? Still cool. »
Gin est un chouette hymne pop, qu’on jurerait chopé aux Dandy Warhols et nous montre qu’elle sait toujours écrire de chouettes morceaux sans jamais nous lasser.
Lady Godiva nous emmène en trip fumeux californien et fait crisser les cordes de sa guitare acoustique pour un final en beauté, sur une chanson où on apprécie la clarté du chant. Derrière des mélodies toutes simples en apparence, se cachent des harmonies tellement riches.
On pensait ne rien attendre aujourd’hui d’un énième album de Kristin Hersh, il n’en est rien, elle nous démontre dans ce nouvel album qu’elle sait encore trousser de chouettes chansons, aux mélodies affutées, avec cette voix toujours aussi particulière et cette façon de la moduler. Que dire? On en redemande!
Kristin Hersh, Possible Dust Clouds
Fire records, 2018
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