[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#1f60c1″]L[/mks_dropcap]e premier roman de Victor Jestin aborde une thématique très courante, celle de l’adolescence. Mais il réussit à installer une ambiance qui surprend tout au long de la lecture. Le primo-romancier mêle la période estivale à celle de la sortie de l’enfance maintes fois caricaturée par d’autres livres. La chaleur parle intelligemment de cet âge où les pressions sociales sont plus fortes que jamais et produit sur le lecteur une forte empathie.
Léonard est en vacances avec sa famille dans un camping des Landes. Une nuit, il voit son ami Oscar en train de se pendre à une balançoire. Il ne réagit pas, l’observe en train d’agoniser. Une fois le corps d’Oscar inerte, il prend son corps pour aller l’enterrer dans un trou sur la plage. Le lendemain, on le suit dans sa désolation, se rapprochant de la fille avec qui était Oscar la veille. La chaleur est insupportable et rend l’action plus tendue. Le jeune Léonard doit repartir ce jour et laisser derrière lui quelque chose de plus lourd qu’un corps.
Dans ce court roman, Victor Jestin raconte l’adolescence des corps qui se perdent. Celle où on se drague sur la plage dans une liberté presque totale. L’été que l’on retrouve ici est celui commun à beaucoup, enfermés dehors dans un camping qui fait tout pour détendre sa population. En sous-texte, on voit dans les personnages de La chaleur, les tensions d’un monde contemporain, la fausse harmonie que produit l’uniformisation aboutissant finalement à plus de tensions que de bien-être.
La chaleur étonne en condensant son récit sous un soleil si puissant qu’il transforme son personnage en une figure héroïque de cette difficulté à se sociabiliser. On peut regretter que ce roman ne soit pas plus dense et que la complexité de ce qui est raconté ne soit pas plus exposée. Mais Victor Jestin laisse la place pour que le lecteur appréhende son texte de différentes manières. Chacun y trouvera sa résonance et l’amplifiera avec une forte compassion pour le jeune Léonard.