[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]E[/mks_dropcap]uh, Beachboy…Oui, Cheffe Adorée ? La Route Du Rock 2016 ? C’était bien, Vénérée Cheffe…Et ??? Oui, Cheffe, tout de suite, Cheffe.
Je ne vous raconte pas la soufflante que je me suis pris, tout ça pour un petit mois de retard, ce n’est pas si grave, puis, j’avais milles excuses, il a fait beau en Bretagne, si, si, 3 jours sans une goutte de pluie, comment voulez-vous travailler avec ça ?
Il était donc un 13 août et votre humble serviteur reprit la route de la Route Du Rock avec une petite pointe d’inquiétude inhabituelle au cœur. Les terribles événements niçois semblaient plomber l’atmosphère, l’affiche était bien mais sans grosse surprise, la fréquentation semblait en berne (13 000 au final), The Avalanches et puis The Field se faisaient porter pâle au dernier moment et de nombreux groupes revenaient pour la deuxième et troisième fois avec en point d’orgue la présence de Savages pour la deuxième année consécutive, ce qui peut sembler un poil abusif.
Au final, ce fut une chouette édition où le vieux fan que je suis a pris son pied. Ce n’est pas la plus belle que j’ai connu, j’en suis à 21 (oui, oui, je suis si vieux), on sent l’année de transition, un peu moins d’ambition, un rock indé en bernes et une concurrence sauvage sur le marché des festivals mais un esprit toujours présent malgré, pour la première fois, une présence de soldats en armes baguenaudant entre 2 concerts. Rassurant peut-être, indispensable sûrement mais quelque peu surréaliste.
Commençons sur les déceptions, j’ai vu 2 vilains concerts, ce qui est un de plus qu’à l’accoutumée mais là, j’avoue avoir horriblement souffert, mangé et bu pendant les prestations de Luh, le nouveau groupe de l’ex-leader de Wu Lyf et sa très charmante copine de chanteuse et Haelos, groupe de trip hop, capable de ne me laisser aucun souvenir deux minutes à peine après la fin de leur set.
La journée d’ouverture du vendredi fut globalement décevante, entre un Psychic Ills programmé d’entrée en plein soleil alors que l’obscurité sied mieux à leur psychédélisme nébuleux, un Minor Victories un poil mou malgré la voix de Rachel Goswell et un Belle & Sebastian sympathique malgré quelques moments de grâce à l’instar de jolies versions de leurs classiques The Stars Of Tracks And Field, Judy And The Dream Of Horses et autres The Boy With The Arab Strap et un joyeux foutoir avec une vingtaine d’heureux festivaliers invités sur scène.
Heureusement, l’impeccable Kevin Morby sauva cette journée avec un concert épatant et efficace, le bonhomme a du talent, sans aucun doute.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]es 2 jours suivants furent plus consistants. On passera rapidement sur Suuns et Savages, corrects mais sans plus, le manque de surprise sans doute pour se concentrer sur nos 3 coups de cœur de cette Route Du Rock :
A tout seigneur, tout honneur, Tindersticks est venu nous présenter quasi intégralement son superbe The Waiting Room, leur dernier album en date pour un moment de grâce et de bonheur simple, la voix de Stuart est toujours la plus belle du monde et ses quatre compères au diapason. Le groupe s’excuserait presque de présenter des chansons aussi délicates devant un public plus enclin à sauter dans tous les sens, mais comme toujours avec eux, la magie opère, unique et intemporelle.
Le second moment où mes poils eurent le rare plaisir de se dresser sur ma belle peau bronzée sous le chaud soleil malouin fut le tout aussi merveilleux concert de la grande Julia Holter, magnifique de bout en bout, égrenant les meilleurs titres de Have You In My Wilderness dont un Sea Calls Me Home particulièrement envoûtant.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]D[/mks_dropcap]ans un genre totalement différent, on a été bien secoué par les impressionnants Sleaford Mods, la grosse claque de ces 3 jours. A ma gauche, Andrew Fearn, canette à la main, laptop sous le coude et une sourire narquois au travers de sa bonne tête de sympathique voyou, à ma gauche, Jason Williamson, la colère au bord des lèvres, physique de déménageur et gestuelle impressionnante avec en particulier cette manie de se taper l’arrière de la tête comme un chien enragé déterminé à exploser la tronche de ces sales puces capitalistes. On a du exploser le record de « fuck » en 50 minutes, rage et humour font bon ménage, Mark E. Smith a enfin trouvé ses dignes héritiers.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]P[/mks_dropcap]as bien loin de ce podium, on n’oubliera pas non plus de citer les excellents Fat White Family bien meilleurs cette année qu’en 2014, avec un Lias Saoudi en pleine forme, les jeunes demoiselles présentes au premier rang ne me contrediront pas.
Fidlar nous a bien plu également avec leur punk rock survitaminé mais mélodique et un Sabotage de Beastie Boys joliment et foireusement repris en ouverture, les jeunes ont adoré, pendant que les vieux se sont fait une belle séance nostalgie avec le retour de Lush, 20 ans après leur dernier album. Bon, c’était parfois limite, mais le groupe dégageait un tel plaisir d’être là, Sweetness And Light ou Hypocrite restent des chouettes chansons et puis se retrouver entre vieux, la larme à l’oeil et le sourire béat scotché sur le visage, ça n’a pas de prix.
On citera rapidement quelques autres groupes qu’on a bien apprécié, comme Jagwar Ma, Morgan Delt ou Ulrika Spacek, pas très originaux mais bien fichus, j’ai également beaucoup accroché à l’étrange Exploded View, nouveau projet d’Anika, qui a l’air de passer par là par hasard, limite ses mouvements à ramasser sa bouteille d’eau posé par terre pendant que 3 fous furieux maltraitent leurs instruments dans un furieux mélange post punk et krautrock.
Je finirai par le groupe qui connut le plus gros succès de ces 3 jours ou du moins qui généra le plus de discussion, à savoir La Femme. Malgré quelques tics un poil gonflants à mon goût (Vous êtes Rock, La Route Du Rock ? braillé entre chaque morceau…), c’est quand même un super groupe sur scène, ça roule, ça enchaîne, ça rigole, ce n’est pas forcément ma tasse de thé mais il suffisait de voir la tête réjouie des jeunots pour s’apercevoir qu’ils savent bien embarquer leur monde.
Cette 26ème Route du Rock procura donc son lot de bons moments voire de très bons, il manqua peut-être le grand frisson mais pas de doute, on réserve déjà sa mi-août 2017 !
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Photo bandeau : Nicolas Joubard