36500.
36500 (plage, nouvelle vague et fort compris).
Vous rendez-vous compte ?
Voilà ce qu’aura fait La Route Du Rock comme nombre d’entrées cette année, et ce malgré un dépôt incongru à l’entrée du festival venant troubler l’air apaisé du fort.
Je ne dirais pas qu’on a explosé le record mais, à n’en pas douter, il s’agit d’un des plus beaux scores réalisés par le festival venant remettre du baume au cœur après une édition 2016 en demi-teintes (pour être poli).
La raison de ce succès ?
Assez simple en fait : une programmation béton, des cieux cléments et surtout, surtout, la présence en force de l’Addict-team venue vous relater en long, en large et de biais cette édition au travers des coups de cœur et déceptions de chacun des chroniqueurs.
La Nouvelle Vague
Un jeudi en mode indoor avec les prestations respectives des « 3A »
[mks_dropcap style= »letter » size= »80″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]vant de se goinfrer de soleil, de galettes saucisses et de bières au sein du Fort de Saint-Père, La Route du Rock nous offrit une superbe soirée d’ouverture à La Nouvelle Vague. Les premiers frissons nous vinrent rapidement dès l’arrivée sur scène du canadien Andy Shauf, casquette vissée sur la tête, entouré de ses cinq magnifiques musiciens, dont deux clarinettistes.
Tout en délicatesse et précision, le petit bonhomme égrène les meilleures chansons de son répertoire, faisant la part belle à The Party, son dernier disque en date, dont des superbes versions des immenses The Magician et Twist Your Ankle.
Mon petit cœur de rocker finissait de chavirer après avoir connu quelques palpitations lors de la prestation de l’intrigant Alex Cameron en ouverture du festival, malgré quelques retards dus à une affluence plus que remarquable.
Ouvrant sur le splendide Candy May, le premier single de Forced Witness, son nouvel album à paraître en septembre chez Secretly Canadian, le bel australien à l’impeccable marcel et son drôle de groupe au look improbable nous embarquent dans les 70’s sur les traces d’un Brian Ferry, voire de Suicide, pour un show qui ne manqua pas de second degré et de très beaux moments (Marlon Brando et Take Care Of Business), même si on attendait un poil plus de ce concert.
Allah-Las en clôture nous laissèrent quelque peu de marbre, un set certes efficace, mais on ne retrouva pas le charme de leurs sympathiques disques.
Beachboy
Les Révélations
Des jeunes pousses prometteuses, planifiées sur la plus intime scène des Remparts pour une édition 2017 source de belles découvertes.
[mks_icon icon= »fa-yelp » color= »#ef4138″ type= »fa »] FROTH
Difficile d’être lancé dans l’arène et plus précisément sur la scène des Remparts alors que le soleil déverse ses rayons et que le public prend juste ses marques à l’ouverture du Fort de Saint Père. Pourtant, le set des Californiens sera de bonne qualité, à l’image de leur troisième album Outside (Briefly). Certes, nous sommes sur un terrain déjà bien défriché par les cadors du genre, une remarquable mise en ambiance dans les échos diffus du shoegaze. Les quatre garçons sont appliqués, à défaut de porter des ailes qui auraient pu les faire décoller. Il aura fallu une fin de concert plus saisissante pour que la prise de contact se fasse de manière plus enjouée vis-à-vis de l’assistance un brin mitigée devant ces (trop ?) bons élèves. Fallait-il en attendre plus ?
Ivlo Dark
[mks_icon icon= »fa-yelp » color= »#293a61 » type= »fa »] IDLES
Pour en revenir au mordant, évoquons le cas d’Idles. Annoncés comme la révélation du festival, je parlerais plutôt de confirmation. Parce qu’à l’écoute de leur première galette, on se doute que les Anglais mettront le feu au Fort. Après, c’est de voir à quel degré ils vont laisser leur empreinte. Et, à voir comme le public a slammé et pogoté dans la fosse, on peut objectivement se dire que la brûlure a été assez profonde. Faut dire aussi que le quintet sait y faire pour foutre le feu, que les lads ont une présence scénique de dingue. Entre Joe Talbot qui siphonne en direct sa bouteille de whisky (qu’il fait passer aux autres membres par la même occasion), chante, éructe, déconne, roule des palots aux autres membres et Mark Bowen qui se contorsionne comme un malade avec sa guitare ( je ne serais pas étonné d’apprendre que les Sieurs Alban et Floret, programmateur et organisateur du festival, aient dû faire appel aux services d’un ostéopathe local pour le remettre d’équerre), c’est à un foutoir jubilatoire auquel le public assiste. Leur post-punk, sur lequel plane l’ombre du grand Mark E Smith ou encore celle de Sleaford Mods, est simple, mélodique, doté de grandes chansons (Well Done, Divid & Conquer) et surtout d’une accroche immédiate. Bref, comme disait le grand Michel, prophète à ses heures perdues : Idles, sur scène c’est du brutal.
Jism
[mks_icon icon= »fa-yelp » color= »#ef4138″ type= »fa »] COLD PUMAS
Autre groupe extrêmement glamour ayant livré une grande performance : les Anglais de Cold Pumas. Ceci dit, dans l’affirmation évoquée juste au-dessus, seule une partie est vraie (je vous laisse deviner laquelle). Pensez donc : avec un bassiste sosie de Peter Weller (tout au long du concert je me suis demandé à quel moment il allait revêtir sa tenue de Robocop), un premier guitariste sur mode automatique, regard dans le vide, l’autre ayant occupé le poste de chien sur la plage arrière d’une voiture et un chanteur/batteur arborant un magnifique tee-shirt vert pisseux seyant à son corps d’athlète olympien et doté apparemment d’une mémoire de poisson rouge (supposition paraissant justifiée au vue des feuilles placées devant lui sur un pupitre et contenant probablement les paroles), la mise à sac du Fort à 18h30 par les Anglais semblait aussi improbable que de s’éclater à un congrès de Mormons nudistes philosophant sur La Critique De La Raison Pure de Kant en swahili. Pourtant, malgré leur look improbable, les Anglais ont assuré un show plus qu’impeccable. Annoncés comme le chaînon manquant entre Joy Division et Sonic Youth, ils n’ont absolument pas failli à leur réputation en livrant un concert tendu, biberonné au post-punk et dérivant vers un final bruitiste plutôt impressionnant. Derrière ses fûts le chanteur se donne à fond et épate son monde en parvenant à coordonner gestes, chant et lecture des paroles de façon synchrone. Devant, le reste du groupe assure et parvient sans problème à faire monter la mayonnaise et danser les spectateurs qui n’en n’espéraient pas tant (eu égard à la performance du groupe de la veille au même horaire). Excellente prestation donc et probable révélation du festival.
Jism
[mks_icon icon= »fa-yelp » color= »#293a61″ type= »fa »] THE PROPER ORNAMENTS
La Route du Rock 2017 se distingue par des ouvertures au fort très réussies, ce qui n’est jamais évident quand le festivalier en est encore à plier sa serviette de bain, après une longue sieste bienvenue. Après Froth et Cold Pumas, c’est donc The Proper Ornaments qui viennent confirmer cette tendance avec un très joli concert, qui réussit à marier avec brio la face la plus pop de Ride avec les guitares incisives des Feelies. James Hoare et ses 3 camarades ont eu la bonne idée de s’adapter au festival et privilégièrent leurs morceaux les plus incisifs quitte à quelque peu délaisser les chansons de leur pourtant excellent Foxhole, à l’exception du splendide Back Pages et un Cremated (Blown Away) en ouverture un peu timide, finissant toutes guitares en avant sur un Recalling rallongé jusqu’à plus soif, mettant le déjà nombreux public à genoux.
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Beachboy
Éclectique festival
Glam’, hip-hop, surf-pop, dream-pop ou electro…
Malgré une cohérence d’esprit, il n’y avait pas que du rock tapageur au menu de cette collection été #27.
[mks_icon icon= »fa-angellist » color= »#ef4138″ type= »fa »] FOXYGEN
Entre Grand-guignol et envolées psychédéliques, la prestation des barjots de Foxygen divisa le nombreux public de cette première soirée. Il faut dire que Sam France, grimé comme un Thin White Duke californien en fait des tonnes, en compagnie de sa charmante choriste qui attira tous les regards de la gente masculine comme une volée de mouches autour d’un pot de miel. Pourtant le concert fut très chouette, les musiciens dont son impeccable compère John Rando et une section de cuivre de haute volée le remettent sur le droit chemin pour nous offrir de superbes moments à l’instar d’un San Francisco un poil massacré tout de même, d’un Trauma ou d’un America magnifiques.
Beachboy
[mks_icon icon= »fa-angellist » color= »#293a61 » type= »fa »] DJ SHADOW
C’est un habitué des lieux qui clôturera la nuit de Vendredi. Après un gros quart d’heure attentiste, connecté sur un abstract hip-hop flingueur, Joshua Paul Davis aka Dj Shadow déploie son génie du collage live avec quelques perles de son répertoire, combinées à un talent en scratches « or massif ». C’est l’esprit du mythique Endtroducing qui résonne et cette combustion qui ouvre des passerelles immenses entre la pop, le rap et l’électro. Un démarrage un poil poussif donc, avant que l’homme de l’ombre ne bastonne à l’aide de ses platines et une table de mixage flamboyante. C’est honnêtement prodigieux et lorsque le rideau tombe pour laisser place à un visuel futuriste, c’est l’essence même de la performance palpable qui dégouline des enceintes. Le plaisir intense de retrouver les palpitations faramineuses de Fixed Income puis une déstructuration osée de Rabbit In Your Headlights (clin d’œil à l’un des monuments d’UNKLE, magnifié par le chant larmoyant d’un certain Thom Yorke). L’artiste revisite sa propre matière gonflée de samples et d’expériences éclectiques pour la plus grande satisfaction des noctambules. Diesel power !
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Ivlo Dark
[mks_icon icon= »fa-angellist » color= »#ef4138″ type= »fa »] MAC DEMARCO
Son dernier album, This Old Dog, est peut-être passé en boucle cet été sur votre platine. Nous étions, en tous les cas, plutôt curieux de voir ce que la transposition du vivant allait rendre pour ce nouveau concert malouin. Autant être franc et direct, nous n’allions pas être déçus par la représentation de Mac DeMarco et ses doux délires. La canadien usera (abusera même, selon certains sons de cloche) d’une humeur hyper planante. Point culminant sans doute dans les volutes du très chaloupé One More Love Song. C’est frais et c’est idéal pour servir la table des invités, en l’occurrence Angel Olsen et sa team. Au fil de l’eau (mais sans doute pas de l’Evian, malgré un contenant trompeur) c’est un jonglage entre nonchalance assumée et consommation éthylique qui prendra le dessus des choses. L’adepte du surf-rock légèrement psychédélique osera même la reprise fantoche d’un tube planétaire de la chanteuse et pianiste Vanessa Carlton. Un slam ramolli pour amuser la galerie et treize titres au compteur laisseront un sentiment un chouïa amer entre joie simple et décrochage provoqué.
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Ivlo Dark
[mks_icon icon= »fa-angellist » color= »#293a61 » type= »fa »] MOONLANDINGZ + FUTURE ISLANDS
La Route Du Rock c’est aussi de belles rencontres, de discussions à bâtons rompus voire plus si affinités, le tout arrosé de quelques bières…tout ça pour vous dire qu’on a quelque peu été distrait pendant certains concerts, Moonlandingz et Future Islands pour ne pas les citer.
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J’attendais pourtant les premières cités sur la foi d’un excellent premier album, Interplanetary Class Classics et sur le souvenir de l’éblouissante prestation de Lias Saoudi avec sa Fat White Family. Bizarrement, c’est de ce dernier, que vient la petite déception, puisque je l’ai trouvé étonnamment sobre, voire absent. Certes, il a rapidement fini torse mais il m’a manqué le petit quelque chose pour faire sombrer le concert dans une dimension plus sauvage. A l’inverse, le mélange électro rock assuré par The Eccentronic Research Council se révéla fort agréable et assura un bon moment.
La prestation de Future Islands ne laissa personne indifférent, soit on adore, soit on fuit vers la première galette saucisse à portée de mains. J’avoue que le groupe, servi par un son indigeste, m’a achevé, lassé par les éructations pénibles de Samuel T. Herring, pourtant un fameux entertainer quand il s’en donne la peine, mais que cela fut pénible et long, du moins ai-je pu manger à ma faim, alors que le groupe recevait une belle ovation finale, comme quoi !
Beachboy
[mks_icon icon= »fa-angellist » color= »#ef4138″ type= »fa »] HELENA HAUFF
Pour terminer revenons sur une performance passée un peu inaperçue car coincée entre deux mastodontes (Oh Sees et Dj Shadow), celle d’Héléna Hauff. Seule derrière ses platines et avec ses disques qu’elle arborera fièrement lors d’un moment de répit, la Berlinoise a livré un des meilleurs Dj set du fort. Un set à la fois dansant, profond, alternant accalmies flirtant avec l’ambient et moment plus intenses et d’une longueur inhabituelle (1h30, largement le concert le plus long de cette édition). Et puis, avouons-le, retenir pendant autant de temps une foule qui, après les géniaux Oh Sees, aurait très bien pu se barrer en masse, c’est un acte qui relève tout juste de l’exploit.
Jism
Match Rock
Deux groupes attendus de pied ferme. Une déception + une bénédiction.
[mks_icon icon= »fa-bolt » color= »#293a61″ type= »fa »] CAR SEAT HEADREST
En 2016, votre humble serviteur s’était longuement creusé le ciboulot pour déterminer qui du Human Performance de Parquet Courts ou le Teens Of Denial de Car Seat Headrest méritait le titre de l’album de l’année. C’est vous dire mon état d’excitation lorsque j’appris que ces 2 jeunes américains allaient fouler nos terres bretonnes. le résultat fut contrasté entre ce qui fut ma plus grande déception et une prestation magnifique, peut-être la plus belle à quelques longueurs des incomparables Thee Oh Sees. On passera donc rapidement sur Car Seat Headrest, très décevants, pour un concert qui ne décolla jamais vraiment malgré la classe des compositions de Will Toledo. Peut-être impressionnés de suivre la reine PJ Harvey, ils me semblèrent brouillons, intimidés, les guitares trop en avant pour un set loin du compte.
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Beachboy
[mks_icon icon= »fa-bolt » color= »#ef4138 » type= »fa »] PARQUET COURTS
A l’inverse, dès les premières notes de Dust, Parquet Courts emporta le morceau, tendus, incisifs, les new-yorkais d’adoption, dignes rejetons de Sonic Youth et Pavement enchainèrent les morceaux à vitesse grand V avant une fin grandiose autour de Berlin Got Blurry/One Man No City. Moins sauvages que lors de leurs prestations malouines en 2014, le quatuor a gagné en précision et justesse, Andrew Savage et sa splendide chemise bariolée chante et joue comme si sa vie en dépendait alors qu’Austin Brown nous la joue classe et décontracté. On le pensait déjà fortement mais c’est confirmé, Parquet Courts est le meilleur groupe du monde !
Beachboy
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