[dropcap]Q[/dropcap]uidam éditeur a la bonne idée de rééditer un chef d’œuvre de la littérature grecque contemporaine. Avec La Verrerie, Mènis Koumandarèas signait en 1975 un livre d’une belle densité narrative et qui s’inscrivait dans la réalité de son pays. Dans cette période d’après-guerre et dans un tumulte politique, la Grèce se relevait difficilement. L’écrivain assassiné en 2014 a su saisir avec sensibilité cette période qu’a connu son pays. Il s’attache à des personnages simples, que l’on pourrait croiser au détour d’une rue. Son réalisme n’est pas didactique mais permet la compassion du lecteur.
La sensation du volant, le contact des pieds sur les pédales la mettaient en position de force pour affronter les autres. Elle conduisait vite et nerveusement, prenait les virages sans ralentir. Il lui semblait qu’elle avait à côté d’elle une poupée de son à forme humaine, bourrée à éclater, secouée dans les virages. Mènis Koumandarèas
Nous suivons le couple Tandès qui gère une boutique de lustres et autres luminaires. Le magasin s’appelle La Verrerie et s’inscrit comme l’endroit central du roman. Béba doit faire face à la dépression nerveuse de son mari Vlassis. Elle doit s’occuper de la boutique avec ses deux employés Rakoutis et Malakatès, deux personnages à la Bouvard et Pécuchet. Béba Tandès est une femme libre et forte mais elle va s’enfermer dans les désillusions. Sa rage de s’en sortir éblouit et interroge une société où les femmes sont beaucoup plus aliénées au patriarcat.
L’écrivain fait évoluer l’intimité de vies ordinaires dans ce quartier industriel d’Athènes. Leurs réalités ne se remettent pas en question. Il n’y a pas de place pour la caricature même pour Rakoutis et Malakatès dont la bonhommie donne une touche fantaisiste à cette fiction. Il faut se rappeler que le couple Tandès a vécu une jeunesse engagée politiquement. Leurs idéaux sont maintenant derrière eux et chacun des deux personnages va s’en sortir différemment.
La Verrerie est un grand roman sur la Grèce contemporaine, qui parle de vies condamnés à la débrouille en temps de crise. Mènis Koumandarèas ne fait pas d’idéalisation ni de misérabilisme. Il s’attache à décrire des destins telles qu’elles auraient pu exister dans cette période. On sent que l’écrivain a beaucoup de compassion pour ces personnages et l’atmosphère qu’il imagine. Il propose par la fiction de toucher du doigt une réalité que lui-même a dû connaître. C’est un roman où le lecteur se plonge avec plaisir pour mieux connaître la vie de cette Grèce toujours meurtrie par les crises.
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La Verrerie de Mènis Koumandarèas
traduit par Marcel Durand
Quidam éditeur, janvier 2021
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Image bandeau : Alejandra Rodríguez Unsplash