The Interview of Brandon Sefshkenaze
Mercredi 6 juillet 2016
A partir de vendredi, ce journal ne sera plus que la voix de Jennifer et Brandon Sefshkenaze qui vous raconteront leur séjour au Festival d’Avignon. Mais d’ici là, Abz Zuckerman et moi-même empruntons leur plume pour dresser un portrait de ces jumeaux qui, au fil du temps, sont devenus des amis précieux et que nous accueillons avec beaucoup de plaisir en France le temps de ce mois de juillet 2016.
Hier matin, nous nous sommes donc rendus, Abz et moi, à la gare TGV d’Avignon pour aller chercher Jennifer et Brandon qui arrivaient de Bismarck (capitale du Dakota du nord) via Paris.
Après quelques péripéties (Jennifer et Brandon ont oublié de descendre et se sont donc retrouvés à Marseille d’où ils ont pris un taxi pour Avignon), nous les avons finalement retrouvés et amenés à notre appartement de la rue de la Palapharnerie ou autour de quelques Budweiser nous avons pu tranquillement discuter de leur vie de ces dernières années, de leurs attentes mais aussi de leurs déceptions et de leurs désillusions.
Je retranscris donc ici une partie de cette discussion sous forme d’interview de Brandon. Abz se chargera de la seconde partie demain et des réponses de Jennifer.
Brandon, le public français connaît assez mal les Sefshkenazes, est-ce que tu pourrais en quelques mots nous en dire un peu plus sur ta sœur et toi ?
Franchement pour être honnête David, le public américain nous connaît pas très bien non plus. Nous ce qu’on veut c’est faire la musique qu’on aime et qu’on nous fasse pas trop chier sur le reste.
C’est quoi la musique que vous aimez ?
Je sais pas moi, du rock un peu laidback tu vois, un peu décontracté, mais avec du sens quand même et assez mélodique, mais pas trop non plus, on fait pas de la pop quand même, on fait du rock.
Vous vous êtes fait connaître à vos débuts en enregistrant des cassettes de reprises qui sont passées en boucle sur les radios étudiantes américaines. C’est un bon souvenir cette période ?
Tu sais à Bismarck, n’importe quel truc qui te sort de ta merde quotidienne est un bon souvenir. Alors oui on peut dire que c’était cool. On y a cru pendant un moment. Mais bon on est vite revenus à la réalité. Life is a bitch comme dit souvent Jennifer.
A propos de Jennifer justement, c’est pas trop dur de travailler avec sa sœur ?
Jennifer c’est pas ma sœur, c’est ma jumelle. Un truc marrant d’ailleurs : tu sais qu’elle et moi on n’est pas nés le même jour ?
C’est un peu curieux pour des jumeaux, non ?
Non, le truc c’est que je suis né le 28 avril à 23h55 et elle, elle est née le 29 avril à 00h05. Ce qui fait qu’on n’a pas la même date de naissance.
Ça me dit pas si c’est facile de travailler avec elle.
Regarde, Abz et toi, ça a pas l’air spécialement compliqué.
Ça n’a rien à voir. Je travaille pas avec Abz et en plus on n’est pas frère et sœur.
Vous jouez pas ensemble dans un spectacle ?
Non elle est pas comédienne. Elle est juste venue à Avignon pour me soutenir pendant le festival. C’est une amie quoi.
Ouais comme Jennifer et moi quoi. Une amie avec qui tu couches.
Tu couches avec ta sœur ???
Mais non je déconne.
Bon revenons à la musique. C’est quoi le futur des Sefshkenazes ?
Je sais déjà pas ce que c’est que le présent des Sefshkenazes alors comment veux-tu que je te parle du futur… Pour l’instant on est à Avignon. On a nos guitares. On va jouer dans les rues. Je trouve ça cool, j’ai jamais joué dans un festival de musique. J’imagine que les gens doivent être super réceptifs.
Un festival de musique ?
Oui le festival d’Avignon.
Ah non Brandon. C’est pas un festival de musique, c’est un festival de théâtre.
Ah bon ? Oh c’est pas grave, c’est un peu la même chose non ?
C’est pas exactement pareil, mais je trouve que c’est une bonne idée d’aller jouer dans la rue.
Tu vois, je me dis que le public français est peut-être un peu plus ouvert que ces connards de rednecks américains qui sont prêts à voter pour Trump ou Clinton.
Tu mets Trump ou Clinton dans le même sac ?
Ouais, ils ont beaucoup de cheveux tous les deux, ils adorent la guerre. Franchement tu vois une différence toi ?
D’ici je te cache pas que Trump nous fait un peu peur. On préférerait quand même que ce soit Clinton qui passe.
Mais oui, moi aussi. Mais c’est quand même con qu’entre deux clowns il faille choisir le moins drôle. Moi tu sais, de toute façon la politique ça m’a jamais vraiment intéressé.
Y a pas de message politique chez les Sefshkenazes ? Ce nom quand même, ça a du sens non ?
The Sefhkenazes ? Ça n’a rien de politique, c’est notre nom de famille. Comme les White Stripes quoi. Eux non plus ils ont pas choisi le nom de leur groupe.
Alors elles vont parler de quoi vos prochaines chansons ? D’amour ?
D’après toi ? Tu connais des bonnes chansons rock qui parlent pas d’amour toi ? Elvis il écrivait pas sur la guerre du Vietnam hein.
Elvis il écrivait sur rien du tout. C’est pas lui faisait ses chansons.
Si tu veux. Mais bon c’est pour te dire que je connais pas d’autre sujet.
Alors justement. Parle-moi de tes amours. Tu as quelqu’un en ce moment ?
A ce moment de la conversation, Brandon se lève avec sa bière à la main, va se pencher à la fenêtre et renverse le contenu de sa canette sur une troupe de jeunes acteurs un peu bruyants qui passent dans la rue. Après leur avoir hurlé dessus dans un américain que seuls les américains de Bismarck doivent comprendre, il rote puis part s’enfermer dans la chambre. Je comprends donc que notre discussion du jour s’arrête ici.
Demain, l’interview de Jennifer Sefshkenaze par Abz Zuckerman.