[mks_pullquote align= »left » width= »630″ size= »16″ bg_color= »#f0f2cf » txt_color= »#000000″] En cette période de préparatifs des fêtes de fin d’année, nous vous proposons, comme l’année dernière, de retrouver nos conseils de cadeaux de Noël ! Et parce que la littérature n’a pas d’âge il sera question ici d’ouvrages de tout temps !
Retrouvez l’ensemble de nos conseils ici [/mks_pullquote]
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#6E4767″]C[/mks_dropcap]e roman, publié en 1963, est considéré comme un joyau de la littérature norvégienne et l’un des chefs-d’œuvre de Tarjei Vesaas. C’est un véritable cadeau, magique, que l’on garde au plus profond de soi.
Il nous raconte, avec une grâce inouïe, la rencontre entre Siss et Unn, deux fillettes de onze ans. Elles habitent un petit village plongé au cœur de l’interminable automne norvégien, quand la neige n’a pas encore tout recouvert de silence. Irrésistiblement attirées l’une par l’autre, elles se retrouvent liées par un serment à la vie à la mort. Leur amitié sera à son apogée dans la splendeur et la fragilité d’un palais de glace où un jour, Unn disparaît.
Une histoire simple mais puissante. Tarjei Vesaas nous ouvre les portes d’un monde enchanté aux frontières de l’enfance et de l’adolescence où résonnent les cris des jeux, les battements des cœurs qui s’affolent, peur et plaisir mêlés, le bruit des pas dans la nuit et le craquement de la glace, omniprésent, organique, comme une pulsation universelle.
Siss et Unn sont des héroïnes extraordinaires, vibrantes de vie, l’une solaire, l’autre plus réservée, détenant un secret. Les mots limpides de Tarjei Vesaas saisissent le trouble de jeunes filles en éveil, leur exaltation, leur affolement, leur gravité, en harmonie avec la nature. Ses mots savent attraper ce qui fait palpiter les êtres et qui apparaît à fleur de terre, d’eau ou de peau.
Siss et Unn évoluent dans des décors féeriques, façonnés par la nature et les saisons, et surtout par leurs rêves et émotions. Le Palais de Glace, créé par l’eau gelée de la cascade, se pare tour à tour de l’éclat du cristal et de reflets sombres, funestes :
Unn plongeait son regard dans un monde magique fait d’aiguilles et de dents, de dômes galbés et de coupoles givrées, de courbes douces et de guipures alambiquées. Tout était de glace, et l’eau qui giclait ici et là prolongeait la construction par ses éclaboussures. Les ramifications de la cascade étaient désaxées par la glace : elles filaient dans de nouveaux lits, façonnaient de nouvelles formes. Tout étincelait. Bien que le soleil ne se montre pas, ses rayons chatoyaient de tonalités vertes et bleu glacier, miroitaient d’un éclat froid comme la mort.
Il y a aussi la forêt la nuit, aux bruissements inquiétants et aux ombres qui vacillent à la lumière des flambeaux , lors des battues organisées par tout le village pour retrouver Unn ; il y a la neige qui s’est mise à tomber, plongeant les scènes du drame dans le silence et la douceur ; et il y a les cours d’eau qui reviennent à la vie, tumultueux, au printemps, remplissant le cœur de Siss d’émotions nouvelles.
C’est très beau, subtil, fragile. Il faut saluer le travail d’orfèvre du traducteur Jean-Baptiste Coursaud qui, avec les éditions Cambourakis, s’emploie à faire redécouvrir Tarjei Vesaas. Merci à eux !