[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]vec Le parlement des cigognes, Valère Staraselski propose un livre coup de poing. Mais si vous en démarrez la lecture, patientez, il n’arrive pas tout de suite.
En effet l’auteur commence son récit par la présentation d’une petite bande de jeunes adultes, en visite à Cracovie. Insouciants, ne connaissant que peu l’histoire de la Shoa, de la seconde guerre mondiale ou des atrocités commises, ils se baladent, visitent un musée et s’ils évoquent cette période de l’histoire, c’est surtout à travers un célèbre film de Spielberg.
J’avoue que lors de ma lecture, cette partie m’a semblé longue, un peu artificielle, presque ennuyeuse.
Volonté de l’auteur pour mieux cueillir son auditoire avec ce qu’il fait suivre ? En tout cas, nous allons être servis et les jeunes qui rencontrent un très vieil homme dans ce musée aussi.
En arrêt, en contemplation devant un tableau : « Le parlement des cigognes« , cet homme en vient à parler aux français. En une cinquantaine de pages, il va leur dire, avec ses mots, l’horreur de la guerre en Pologne mais également les persécutions après la guerre et les raisons pour lesquelles il a finalement quitté la Pologne pour Israël.
Vous imaginez combien peuvent être poignantes ces révélations. Combien certaines scènes sont déchirantes, combien l’homme est montré comme un charognard de la pire espèce.
Valère Staraselski explique après la dernière phrase de son livre qu’il s’est inspiré « de témoignages réels livrés aux autorités polonaises ».
Ces témoignages sont tirés des livres suivants : « En Pologne l’impossible survie des rescapés juifs » ou encore « On ne veut rien vous prendre… seulement la vie : des juifs cachés dans les campagnes polonaises« .
Zygmunt, le rescapé que rencontrent les français, raconte sa fuite du ghetto de Varsovie, sa survie dans les campagnes, ses longues marches, les courses pour échapper aux Polonais qui le traquent, les visions d’horreur quand il voit des camarades attrapés, tués ou livrés aux nazis.
Et puis l’histoire méconnue, quand après la guerre et la libération de la Pologne, la persécution des juifs continue.
Zygmunt fait oeuvre de transmission en disant son histoire, celle de ses camarades et nous lisons cela, à la fois terrifiés et ébahis.
Un livre puissant et nécessaire à l’heure où l’extrême-droite approche du pouvoir, en France, en Allemagne. Un livre pour tenter de comprendre, encore une fois, l’innommable.
Le parlement des cigognes de Valère Staraselski
paru aux éditions du cherche midi, août 2017
Ce roman est un Uppercut. L’oeuvre de Valère Staraselski repose sur la volonté de comprendre et de transmettre. Cette recherche s’exprime pleinement dans son nouveau roman, (le neuvième). Ce court roman est livré comme un témoignage directement inspiré des dépositions recueillies par les autorités polonaises. Il constitue une leçon d’histoire émouvante et originale, accessible à tous.
Cracovie 2017: un groupe de jeunes Français tombe en arrêt devant un tableau intitulé « le Parlement des cigognes » au musée de la ville et engage la conversation avec un très vieux monsieur, à l’élégance surannée. Celui-ci va leur raconter ce que fut la Cracovie de la dernière guerre mondiale et comment il a échappé à la Shoah. Témoignage émouvant et captivant. A lire absolument.
En complément à mon commentaire précédent du 31 octobre 2017: les dernières lignes de l’ouvrage durant lesquelles un des jeunes gens nie complètement les évènements racontés par le vieux monsieur résonnent terriblement avec la loi passée au Parlement polonais début 2018 niant elle même une quelconque responsabilité de la Nation ou de l’Etat polonais dans la Shoah…
Le « Parlement des cigognes » a obtenu le Prix de la Kicra 2018
Le Prix littéraire de la Licra 2018 a été décerné le 27 mai 2018 à Valère Staraselski pour son ouvrage « Le Parlement des cigognes » paru au cherche midi.