[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#194eaa »]C[/mks_dropcap]e poème est un commencement, le riche commencement d’une œuvre, d’un courant de la poésie américaine. Avec cette nouvelle traduction du Poème commençant par « la », la deuxième après celle de Jacques Roubaud, Philippe Blanchon nous permet de découvrir la base solide du travail de Louis Zukofsky, ayant contribué à la poésie de tout un siècle. Il l’écrit en 1926 et est publié dans la revue The Exile édité par Ezra Pound.
À partir de « la », Louis Zukofsky tire déjà une inventivité éblouissante. En réponse à La terre vaine, le chef d’œuvre de T.S. Eliot, Zukofsky dévoile une liste des références de son poème qu’il place contrairement à Eliot au début de son texte. Dans cette liste longue et non exhaustive, le poète américain invoque autant Bach et Beethoven que Sophocle, Horace et les textes sacrés en passant par Virginia Woolf, James Joyce, Henry James, Shakespeare et bien d’autres.
Avec ces références, Louis Zukofsky se démarque en produisant un poème autobiographique d’une grande inventivité formelle. En effet, les vers sont numérotés et sont placés en 6 mouvements. Une disposition du texte qui est plus du côté de la composition musicale. On ressent déjà cette ambition du rapprochement de la mélodie dans sa poésie qui explosera avec 80 fleurs récemment traduit par Abigail Lang aux éditions Nous.
Quand on met en parallèle ce poème avec les 80 fleurs, on mesure à peine la densité de l’œuvre de ce poète pourtant trop méconnu en France. Ce travailleur du mot a fait évoluer la poésie, de 1926 à 1978, en portant les théories de l’objectivisme. On ne peut mettre au même niveau les écrits anciens avec ceux des auteurs contemporains tels que Luc Bénazet ou Jérôme Game. On voit pourtant à quel point la poésie s’est nourrie de sa diversité et de sa capacité à remettre en jeu la place et la puissance du langage.
Si les nombreuses lectures de ce Poème commençant par « la » peuvent redonner à Louis Zukofsky sa place historique parmi les écrivains, ce sera une étape importante pour considérer cet art dans son ensemble, d’hier à aujourd’hui.
Le poème commençant par « la » de Louis Zukofsky traduit par Philippe Blanchon
Paru le 6 mars aux éditions de La Nerthe