[mks_dropcap style= »letter » size= »83″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]M[/mks_dropcap]arie Madinier, dont c’est le premier film, surprend avec ce conte fantastique teinté de comédie, burlesque et poétique, aux dialogues qui fusent et font mouche, et un casting digne d’une « romcom » à la française : Guillaume Canet et Charlotte Le Bon.
Surprise ! Il y a là bien plus, une VRAIE proposition de cinéma, un film qui n’en a pas l’air mais sait vous happer dès les lumières éteintes et asséner dialogues impeccables, émotion et surprise, bref une très belle découverte…
Épaulée dans l’écriture du scénario par un directeur de recherche au CNRS (Olivier Danos) pour être au plus juste avec le domaine scientifique qu’elle aborde, la réalisatrice place l’intrigue au cœur du laboratoire du brillant Professeur Quignard (épatant Guillaume Canet, en génie tout puissant, pourtant dépassé par les rapports humains, qui y résiste, puis y cède d’une façon qui le surprend lui-même).
On y mène des recherches des plus importantes pour l’humanité : atteindre l’immunité universelle grâce à la « PPM », une protéine produite par le pingouin, et qui l’immunise ! Il faut, dans l’urgence, contrer les américains, « pour la France ! » et dévoiler des avancées significatives. Le sacrifice volontaire de la jeune Christophine, thésarde discrète, voire transparente aux yeux de tous, et pourtant animée d’un amour sincère pour la science, et encore plus sincère pour son patron, le Professeur Quignard, rappelle le personnage de Maggie Gyllenhall dans La Secrétaire de Stephen Shainberg (qui se plie, par amour, à des formes de soumission absolue). Point de sadomasochisme, il n’en est absolument pas question dans l’univers du film, simplement une preuve d’abnégation. Pour aider son cher Professeur, et se rapprocher de lui, Christophine va l’obliger à l’étudier, elle est en effet le seul cobaye humain existant, et le temps presse.
Charlotte Le Bon est surprenante, juste et délicate, on pense à Greta Gerwig, dans Frances Ha qui se serait perdue chez Rohmer, sans qu’on puisse pourtant la contempler bien longtemps, tant le scénario est rythmé, empli de ressorts comiques, grâce notamment au tandem Anne Le Ny (Intouchables) / Patrick d’Assumçao, piliers de l’équipe de recherche et premiers fans du Professeur.
Marie Madinier avoue son amour pour les dialogues rythmés et les répliques imparables de L’Impossible Monsieur Bébé d’Howard Hawkes. Côté décor, on est transporté dans un univers peu connu, grâce au travail de Stéphane Rozenbaum (chef décorateur de Michel Gondry). La temporalité n’est pas la même selon les lieux, avec d’un côté le laboratoire aseptisé, fourmillant d’une équipe de geek en blouses blanches courant en tous sens vers un résultat à annoncer au plus vite, à leur célèbre patron, et à l’étage, la banquise artificielle du bureau du Professeur, véritable îlot futuriste et immaculé, où résonnent les cris des pingouins, et où l’expérience sur Christophine est menée jour après jour, selon un décompte protocolaire et tandis que les deux protagonistes sont obligés de se rapprocher. Une sonde qui abrite un temps le personnage de Christophine, rappelle la machine à voyager dans le temps de Claude Rich dans « Je t’aime, Je t’aime » d’Alain Resnais, ou les rêves bricolés de Charlotte Gainsbourg dans La Sciences des rêves de Michel Gondry.
Le Secret des Banquises sera t’il enfin percé ?
Maîtresse d’une fable sensible, et étonnamment drôle, Marie Madinier nous convie jusqu’en Antarctique, où une histoire d’amour hors-norme entre ses deux héros voit le jour, fraîche et émouvante, comme sortie d’un œuf de pingouin.
En salles le 22 Juin (Les Films du Lendemain/Entre chien et loup – Distribution Mars Film)
Je confirme, à découvrir absolument!