[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#d984a7″]D[/mks_dropcap]écortiquer les discussions échangées dans la salle de pause, s’interroger sur ces thèmes bouche-trous que nous connaissons tous, et en profiter pour réfléchir à ce qu’ils disent de nous et de nos rapports professionnels. Voilà, entre bien d’autres, les desseins qui s’imposent à la lecture des quelques soixante courts chapitres du terrible et génial Le Syndrome de la Chouquette ou la tyrannie sucrée de la vie de bureau publié chez Anamosa.
Nicolas Santolaria n’y va pas avec le dos de la cuillère. C’est d’abord drôle, caustique, grinçant et cynique. C’est plein de bon sens et forcément de situations que l’on connaît tous.
Vous pensez que nous ne savons pas de quoi vous parlez autour de la machine à café ou en attendant que la réunion commence ? Détrompez-vous, Le Syndrome de la Chouquette révèle un fait fantastique : nos univers se ressemblent énormément, de la pub à la fonction publique, des open space flambants neufs aux mini-bureaux d’immeubles haussmanniens, nous parlons des mêmes sujets et nous posons les mêmes questions fondamentales.
Vous aussi, on vous regarde d’un œil torve quand vous expliquez ce que vous faites au quotidien et qu’on vous demande « tu peux me l’expliquer en français ? » ? Vous aussi, vous vous êtes posé cette fameuse question « Dois-je rire à cette mauvaise blague uniquement parce que ce piètre comique est mon supérieur hiérarchique ? » Vous vous demandez si vous êtes plutôt bienàvoustologues ou cordialementistes ?
On l’aura saisi, Le Syndrome de la Chouquette est un livre amusant, dont on peut aisément se délecter en lisant des passages à ses co-workers (pas tous, mais assurément aux meilleurs) ou en se relaxant entre deux conf’ call.
Mais si ça n’était que ça, il est fort à parier qu’un livre de 239 pages paraisse un peu longuet.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#d984a7″]C[/mks_dropcap]e serait sans compter sur l’intérêt sociologique du recueil ainsi que sur la fine analyse de Nicolas Santolaria. Initialement publiés en chroniques dans Le Monde, rubrique « Bureau-tics« , ces billets sont classés en cinq grands ensembles thématiques : Mon ordi, mon ficus, mes emmerdes ; « Wording » ou les tourments de la novlangue de bureau ; L’enfer, c’est presque toujours les autres ; De l’inflation des névroses tertiarisées et enfin Les manipulations douces de l’entreprise libérée. Tout un programme !
Servis par les dessins de Matthieu Chiara, cet opus aura au moins deux qualités qu’on ne saurait bouder : faire sourire le lecteur (et même parfois pouffer de rire pour ma part) et envisager les rapports professionnels différemment. À bien y réfléchir, ces personnes avec qui nous passons entre 30 et 50 heures par semaine ont tout autant intérêt que nous à appliquer ces règles implicites, déterminantes de la qualité du temps passé au bureau et même de notre productivité. Car qui oserait dire que la machine à café est un sujet anodin, alors qu’un seul jour sans peut être cataclysmique ?
Lisez Le Syndrome de la Chouquette ou la tyrannie sucrée de la vie de bureau parce que ça fait du bien et, mine de rien, c’est aussi très éclairant.