[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#FA713E »]S[/mks_dropcap]imple et âpre, tout est simple et âpre dans ce roman : les mots, l’ambiance, les personnages, la montagne.
Paolo Cognetti, comme l’expression italienne le dit, entre dans l’Olympe des grands auteurs italiens avec son livre Les huit montagnes. Traduit en 22 langues le livre est sorti seulement l’année dernière et dès cet instant il a été défini comme un important classique. Tant et si bien que le 9 Novembre 2017 il a remporté le prix Médicis dans la catégorie meilleur livre étranger.
La montagne représente le décor, la protagoniste et la muse à qui l’auteur dédie la victoire du prix Strega, le plus célèbre des prix de littérature italienne.
Elle est l’unique lieu où un père inattentif à la ville devient un père présent pour sa famille. Il trouve là, dans la montagne, un moyen de communiquer avec son fils Pietro, simplement au travers de la randonnée.
Je commençai à apprendre la façon qu’avait mon père d’aller en montagne – ce que j’ai reçu de lui qui se rapproche le plus d’une éducation.
Il s’agit ici de l’histoire de deux enfants qui vont grandir, devenir des hommes, autour d’un fort lien d’amitié, une amitié qui paraît comme la montagne, simple et âpre : Pietro et Bruno font tout ensemble, mais ils ne parlent pas beaucoup entre eux.
Nous avions moins de peine à contempler le lac qu’à nous regarder dans le blanc des yeux.
Pietro a grandi à Milan, c’est un gamin des villes. Il est grincheux et silencieux, il est attiré par la solitude, solitude si difficile à trouver en ville. Cette même solitude qui pour Bruno fait partie naturellement de son quotidien. Ce dernier habite à la montagne où il s’occupe du pâturage des vaches. Pietro, lui, au contraire, n’y va que pour passer les vacances. C’est là, aux pieds du Mont Rose, dans un petit village que les deux se retrouvent chaque été. Bruno se sent devenir de plus en plus faisant partie de la famille de Pietro, « peut-être était-ce la première fois qu’il valait quelque chose aux yeux de quelqu’un.«
Les deux garçons grandissent. Les événements de la vie font que Pietro s’éloigne peu à peu jusqu’à ce que, devenu un adulte un peu plus mûr, il prend conscience du message de la montagne qui le ramène à son passé et à ses liens. Il renouera avec Bruno comme quand ils étaient enfants, comme si le temps n’était pas passé. Il retrouvera aussi une chaleur humaine, ressemblant à une cabane au milieu de cette nature sauvage qui finalement est la maîtresse du jeu.
Paolo Cognetti était déjà populaire lors de la parution de ses premières nouvelles. En 2013 déjà nominé pour le prix Strega avec Sofia s’habille toujours en noir. Avec Les huit montagnes il se révèle un auteur au style littéraire précis, capable de communiquer dans un langage élégant tout en restant simple. Il est direct et transparent, sans utiliser “l’arme” linguistique telle que la métaphore. Il tente de dire tout ce qu’il sait et ressent à propos de la montagne. Il dit:
J’avais déjà intégré ce que mon père n’avait jamais voulu accepter, à savoir que nul ne peut faire comprendre les sensations éprouvées là-haut à celui qui n’est pas sorti de chez lui.
Mais, croyez-moi, je vous le promets, vous ne serez pas déçus par ce que Cognetti vous fera vivre comme sensations.
Les huit montagnes de Paolo Cognetti
éditions Stock – traduit de l’italien par Anita Rochedy – août 2017
L’ho sempre scrutato questo libro! Da quando ho scoperto le Dolomiti mi sono ripromessa che l’avrei letto! Grazie per questa ulteriore spinta!