[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#eb238a »]L[/mks_dropcap]es Jours qui restent d’Eric Dérian et de Magalie Foutrier : une chronique douce-amère sur la souffrance de trois personnalités différentes, néanmoins toutes liées par la maladie. Après le choc et le désespoir, chacune va se forger une carapace avant de s’ouvrir et de cheminer vers la résilience.
Les illustrations sont très colorées et le dessin confère parfois un caractère naïf aux personnages. Cela participe à nous plonger dans un quotidien jamais glauque et qui pourrait être le nôtre, parce que tomber gravement malade n’arrive pas qu’aux autres !
On s’identifie donc assez facilement à Charlotte, étudiante en arts plastiques dont le dessin n’inspire que moyennement ses professeurs, alors que son talent ne demande qu’à s’exprimer. Catherine, quant à elle, peine à faire le deuil de sa maman, dont elle s’est beaucoup occupée. Célibataire rêvant du grand amour, sa vie professionnelle est rythmée par les sarcasmes de deux collègues, qui la jugent sur sa seule tenue vestimentaire. Quant à Daniel, il trompe son monde en fuyant sa famille et les ennuis et se réfugie trop souvent dans l’alcool.
Tous trois ont une situation personnelle et professionnelle bien différente. Mais tous trois affrontent difficilement la maladie qui leur est tombé dessus sans crier gare. Entre les effets secondaires des médicaments, le spleen qui les envahit et la perspective d’une mort peut-être plus rapide que prévue, ils n’imaginent pas avoir assez de ressources pour faire face. Loin de leur jeter la pierre, nous suivons leurs doutes et leurs errances, dont leur proche entourage va faire les frais !
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Au fil du temps en effet, le scénario va prendre de l’épaisseur, rendant le récit particulièrement vivifiant, et les nombreux personnages secondaires vont participer bon an mal an au processus de reconstruction.
Il en est ainsi de la jeune stagiaire qui travaille avec Catherine et l’incite à se faire belle, à prendre soin d’elle et à ne pas se laisser intimider par les deux pimbêches de son boulot. Meurtri d’avoir été viré du jour au lendemain sans aucune explication, le compagnon de Charlotte ne va pas lâcher l’affaire et se révélera présent à ses côtés jusqu’au bout. Et puis il y a aussi cette élégante galeriste aux allures de Marianne qui, ne pouvant se résoudre à laisser Daniel cuver sa nuit dehors, va le prendre sous son aile et plus si affinités. Sans parler de Clotaire, un jeune aide-soignant à l’énergie communicative…
Bref, une flopée de copains, de collègues et d’aidants qui accompagneront tous nos trois malades, dont il convient de préciser qu’ils vivent dans la même ville et ont des connaissances communes…
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De quoi alimenter le jeu de l’amour et du hasard de cette comédie humaine à la fois grave et légère, l’album ne se cachant pas derrière son coup de crayon pour nous révéler parfois crûment les choses, tout en affichant une histoire sensible pleine d’espoir. Une jolie réussite pour qui veut réapprendre à vivre.
Les Jours qui restent de Eric Dérian et Magalie Foutrier
publié chez Delcourt, février 2019