[dropcap]C[/dropcap]’est peut être l’œuvre de la maturité pour Julia Kerninon, sans atténuer la portée des précédents opus. Depuis son premier roman, Buvard, qui l’a révélé, avec Liv Maria cette fois on peut parler sans aucun doute de la confirmation d’une grande auteure. En passant du Rouergue à L’Iconoclaste en suivant son éditrice de toujours Sylvie Gracia, elle signe ici un roman très attendu et apprécié de cette rentrée.
C’est le destin d’une jeune femme singulière que nous allons suivre tout au long de ce roman. Liv Maria est la fille d’un marin norvégien et d’une aubergiste bretonne, elle vit dans une petite île une existence pleine d’insouciance.
Elle est amenée à quitter le cocon familial suite à un événement que nous laisserons le lecteur découvrir, pour se rendre à Berlin chez la sœur de sa mère. C’est un déracinement soudain, violent, pour la jeune fille qui n’était pas préparée à cela. Elle va devoir s’adapter et grandir plus vite qu’elle n’aurait dû si elle était restée sur son île en toute quiétude, où seule résultait la question de son devenir là-bas.
Au cours de l’été qui suit son départ, elle va rencontrer sa toute première histoire d’amour avec son professeur d’anglais, Fergus. L’idylle est de courte durée puisque dès septembre, l’amant de Liv repart en Irlande retrouver femme et enfant. Cette relation aura des répercussions beaucoup plus tard, comme un effet papillon sur la destinée de Liv. La suite de l’intrigue est un perpétuel mouvement de la part de notre l’héroïne qui s’établira notamment en Amérique Latine, après la lecture de Neruda.
Globetrotter, polyglotte, Liv Maria embrasse le monde sans se poser de questions, sans jamais s’établir très longtemps. La sédentarité n’est pas dans ses gênes même si la fuite en avant n’est pas réfléchie. Elle erre selon ses envies, se laisse dériver sans calcul.
En quelques deux cent pages nous parcourons le monde dans le sac à dos de Liv Maria. Nous sommes dans ses réflexions, ses émotions, ses sensations. Elle se laisse guider dans son aventure au fil de ce qu’elle ressent, ses intuitions.
Ce qui est fort et très réussi dans l’écriture de Julia Kerninon c’est qu’elle parvient à rendre des situations invraisemblables et rocambolesques crédibles. On finit par y croire, à se laisser emporter par le romanesque, à suivre les pérégrinations de cette jeune fille en sachant que dans la vraie vie c’est totalement impossible, mais on y adhère, on aime tant y croire.
On est happé par le destin de cette femme qui grandit, s’émancipe, prend à bras le corps sa vie. Elle est libre, elle prend son envol, se trompe, tente, essaye, trébuche, remonte la pente, aime à cœur perdu sans se poser de questions en fonction de ses désirs et de ses émotions sans le moindre interdit. Elle vit la vie qu’elle souhaite malgré les coups du sort de son existence.
Liv Maria est un véritable roman d’apprentissage moderne, un souffle épique de liberté.
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Liv Maria de Julia Kerninon
Éditions de L’Iconoclaste, août 2020
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Image bandeau : Ryan Moreno / Unsplash