Les Editions Métailié publient le 2 avril le nouveau livre du chilien Luis Sepùlveda. Un recueil de nouvelles au titre énigmatique : L’Ouzbek muet et autres histoires clandestines.
Les mots « histoires clandestines » comptent car pour l’Ouzbek, il n’apparaît que dans une de nouvelles. Par contre, chacune d’elle conte quelque chose de caché, de clandestin et de révolutionnaire.
Sepùlveda se penche sur son pays, sur l’Amérique latine et sur des personnages plein d’idéaux, de désirs de révolution et de changements démocratiques. Malheureusement pour eux, ils vont devoir se confronter à leurs propres manques, leurs dérives, leurs absences et parfois l’envie sera dépassée par autre chose de plus pernicieux.
Sepùlveda crée une ambiance autour de ces personnages. Héros qui se battent pour un idéal fort mais héros de pacotille souvent, attaquant des banques avec des pistolets en bois.
On sent une grande tendresse de la part de l’auteur pour ces gens.
Il n’hésite pas à nous faire partager des dialogues loufoques, souvent, tragiques parfois.
Si les femmes sont présentes ici, c’est surtout comme objet de désir pour les hommes, cherchant à les épater ou les séduire grâce à leurs actions révolutionnaires. Certaines femmes, sœur de militant par exemple, se retrouvent sujet de conversation et de bisbille quasiment didactique entre deux apprentis de la révolte. L’un a-t-il le droit de fréquenter la magnifique sœur de l’autre alors qu’il l’a entreprise dans une réunion visant à mettre au point une action d’éclat. C’est au comité de décider! La sœur n’a pas son mot à dire. Le machisme bat son plein… années 60/70. Machisme et amateurisme font bon ménage chez Sepùlveda.
On oscille entre le rire et le tragique dans ce recueil de nouvelles.
Tragique quand Sepùlveda convoque Che Guevara dans la dernière histoire et explique sa mort en détail à travers les yeux d’un combattant qui veut essayer de le sauver.
Rire et tristesse quand des révolutionnaires se retrouvent pour évoquer leurs souvenirs quelques trente ans plus tard.
Sepùlveda tient son lecteur en haleine. On est inquiet avec lui pour le destin singulier de chacun de ces sud américains, luttant de toute leur âme et de toute leur maladresse pour inventer un monde meilleur.
L’Ouzbek muet et autres histoires clandestines, Luis Sepùlveda, traduit de l’espagnol par Bertille Hausberg, Editions Métailié, avril 2015