[dropcap]L[/dropcap]e nouveau livre de Marie Cosnay s’ouvre sur ces mots : « Le souvenir d’enfance n’existe pas. L’enfance n’existe pas. Le château d’If comme le souvenir comme l’enfance n’existent pas, le temps qui passe, n’en parlons pas ». Pourtant, à partir de là, l’écrivaine va construire un magnifique texte sur la mémoire qu’un homme n’a pas réussi à laisser ou qui ne s’est pas totalement effacée.
If démarre sur l’image d’enfants ayant franchi la méditerranée depuis l’Algérie jusqu’au quai de la Joliette à Marseille. En arrivant, ils auraient vu la silhouette du château d’If. L’imaginaire de ce château et le fantôme du comte de Monte-Cristo irrigue le texte de Marie Cosnay.
L’autrice mène une enquête sur un homme. Il s’appelle Mohamed Bellahouel mais ses enfants l’appellent « l’autre ». On découvre au fil des pages le secret et l’ambiguïté de cet homme. L’architecture du texte se forge dans cette recherche.
Ce n’est ni un roman, ni un récit ni un long poème. La forme inédite d’If est le résultat d’un travail d’enquête profonde, autant sur la vie de Mohamed Bellahouel que sur l’interrogation constante du mot et de la syntaxe. En cela, Marie Cosnay construit le genre de l’enquête poétique. La forme et le fond semblent ne faire qu’un. Son écriture n’est pas figée dans un bloc monolithique mais se trouve en constant questionnement.
Oublie la nuit. Un bateau file, on est en juin 1962 et entre l’île de Ratonneau et celle d’If un bateau file, c’est un bateau sur lequel sont montés des passagers in extremis, des Européens de Bab-el-Oued, d’autres au statut compliqué vont demander à réintégrer la nationalité française, pas sûr que quelqu’un remarque qu’on passe devant le château ex-prison d’État dont un personnage de fiction, embarrassé dans un sépulcre, les pieds liés à de lourds poids de fonte, s’est échappé, il y a plus de cent ans, par la mer. Marie Cosnay
Ce que cherche l’autrice est explicité dans le livre. Dans ce que l’on découvre de Mohamed Bellahouel, il y a des éléments de l’histoire française et algérienne. Plus globalement, il s’agit de l’histoire de cette partie du monde où des êtres humains, aimables et/ou détestables ont évolué.
Le secret de la vie de cet homme provoque chez Marie Cosnay et le lecteur un désir de faire lumière sur toutes les formes de vies, de l’éprouvante mainmise occidentale sur un territoire aux plus belles luttes pour l’égalité. Marie Cosnay fait lumière et transmet son désir d’écrivaine autant par le mot qu’elle choisit que par la générosité qui transparaît.
If de Marie Cosnay est un texte très étonnant. D’une richesse formelle, elle propose une enquête forte sur un homme, parlant de l’Histoire, de l’Algérie, de la France et de tellement plus encore.
Paru aux éditions de l’Ogre, If fait la preuve qu’en littérature, la forme n’est jamais figée.
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If de Marie Cosnay
Les Éditions de l’Ogre – 16 janvier 2020
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Photo : honoreaurelie/Pixabay