C’est pourtant son anniversaire, ses 20ans de carrière, mais Miossec a décidé de nous offrir un cadeau : un nouvel album composé de 11 titres d’une pureté rappelant les premiers émois ressentis à l’écoute de ses débuts. On dit déjà de cet album, Ici-bas, Ici même, qu’il est le meilleur album de sa discographie. Mais comment dire le meilleur ? Peut être le meilleur aujourd’hui comme en 1995 pour Boire, ou en 2004 pour 1964. Car Miossec a toujours donné le meilleur, jamais fait semblant. Depuis Boire, qui résonna comme une détonation dans le paysage musical français et permit un renouveau total de la chanson française avec l’arrivée de grands noms tels que : Dominique A, Arthur H ou Thomas Fersen pour ne citer qu’eux. Il a été le précurseur d’un nouveau courant, de nouveaux horizons, il a, comme on dit, ouvert les portes.
L’album Ici-bas, Ici-même de Christophe Miossec sonne comme un véritable retour aux sources. Miossec dit que c’est un retour à la chansonnette, avec toute la modestie qui le caractérise. Je dirais, pour ma part, que c’est un retour aux essentiels, à l’intensité, à l’amertume, à des textes engagés et à fleur de peau aux résonances palpitantes.
Pour cet opus, Miossec a engagé un retour aux sources : Sa guitare (très peu d’accords), un minimum de clavier, quelques cordes, des pointes de marimba, et la présence rare d’une grosse caisse. Mais surtout il a accepté d’y poser sa voix, une voix jamais entendue aussi délicate, singulière et posée à laquelle se mêlent parfois des choeurs vaporeux et fascinants. une honnêteté profonde se dégage de cet album, une profondeur d’esprit et de sens.
Il a composé cet album à la maison, « comme un couillon » dit-il. Il l’a mis en abyme entouré d’Albin de la Simone et Jean-Baptiste Brunhes. Et puis, à ce trio ce sont ponctuellement glissés : Cats on Trees, Mélanie Pain, JP Nataf, Sophie Calle, et l’écrivain Grégoire Bouillier. La simplicité de ces rencontres et de sa création est probablement la raison de la paix et de l’éclat dégagés de cet album.
Le premier titre, On vient à peine de commencer, est probablement celui qui résume la plus ce disque car il aborde toutes les thématiques abordées : la vie, la mort, le temps qui passe, les essentiels, le droit à la seconde chance.
Ce qui nous tient, est un des titres bouleversant de réalisme, de constat. La déception du citoyen est perceptible, la peur du futur, le manque de recul et le désir général de toujours avoir plus. Si seulement ces mots et ces constats résonnaient un peu plus loin, un peu plus fort…
Répondez par oui ou par non est une suite de questions posées par Sophie Calle et Gregoire Bouillier. Elles peuvent sembler inutiles ou légères mais le sens caché est là. Cherchez bien.
Des touristes, dernier titre de ce disque incruste des choeurs célestes et aériens qui nous poussent à ré-écouter cette merveille qu’est Ici Bas, Ici même.
Le tout forme un ensemble de chansons minimales, inspirées, inspirantes et subtiles. Elles respirent à pleins poumons, comme si notre Breton s’était soulagé d’un poids grâce à une rythmique plus apaisée. Miossec se et nous répare en maintenant cet équilibre intelligent entre tension et légèreté.
Comme l’a dit Miossec en plaisantant lors de son concert au Quartz à Brest jeudi dernier : « Si vous n’aimez pas, tant pis, c’est trop tard ». Mais je doute qu’il en soit ainsi !
En écoute sur Spotify :
Très bel article*
Merci ***