Un souffle, un feu qui crépite, de la vapeur, Mount Eerie a décidé de nous réchauffer à l’écoute de Sauna, son nouvel album. Attention, chez Mount Eerie, le Sauna, ce n’est pas du 4 étoiles, mais une cabane en bois au bord d’un lac gelé, loin de tout (I don’t think the world still exists/ Only this room in the snow), retour vers la nature, légèrement inquiet par sa transformation et l’intervention de l’homme (on entend un avion sur Dragon, on imagine des usines de l’autre côté du lac).
Après un Pre-Human Ideas trop alambiqué, qui avait laissé nombre de ses fans pour le moins perplexes, on retrouve Phil Elverum comme on l’aime, au naturel, avec son regard aiguisé sur le monde qui l’entoure .
On tient même là avec Sauna, l’un de ses meilleurs disques, résumé parfait de près de 20 ans de carrière entre The microphones et Mount Eerie. Longs morceaux (Sauna, Spring), courts instrumentaux expérimentaux, on oscille sans cesse entre lo fi indie (Boat, croisement parfait entre Dinosaur Jr et Grandaddy), folk (le très beau Pumpkin) et drone/ambient (cet impressionnant Spring). Youth, le morceau final est parfois même dans cette alternance d’explosion et de contemplation à la limite du métal. Quand à Emptiness, son mur du son nous ramène au meilleur de My Bloody Valentine.
Phil Elverum, malgré ou grâce à toutes ces fausses pistes, tous ces pièges et détournements, réussit à nous capter pendant les 55 minutes que dure cet album, même si l’écoute solitaire et exclusive est fortement conseillée.
Pour cet album, Mount Eerie est seul maître à bord comme d’habitude mais sait s’entourer puisque Geneviève Castrée, Allyson Foster et Ashley Eriksson viennent lui confier leurs voix (l’aérien This ou le doux et étrange Dragon en particulier).
Les bidouilles synthétiques se font plus rares mais tombent toujours à point nommé pour emballer chaque moment d’apaisement. Sauna balance entre lumière et noirceur, Phil Elverum se fait dense et léger à la fois pour un disque singulier mais incroyablement connecté à la vie.
Sauna est disponible depuis le 03 février chez P.W. ELVERUM & SUN, le label de Phil Elverum.